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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 20:14


Akaito - 赤糸
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Chapitre 9




Valentine vida son verre de saké d’un seul trait. Malgré tous ses efforts, impossible de ne pas repenser à ce message : « Ce soir, minuit, même endroit », signé Kamenashi Kazuya. Elle avait tout d’abord crut à une farce quelconque, mais lorsqu’elle avait regardé dans ses contacts, elle était tombée nez à nez avec quelque chose d’encor plus invraisemblable.

« Nom : Kamenashi
Prénom : Kazuya
Numéro :

Groupe : Aucun
Description : Si ça ne te prouve pas que tu manques d’instinct… »


Effectivement, il fallait le reconnaître, Valentine avait été extrêmement négligente sur ce coup-là. « Comment a-t-il fait pour insérer son numéro dans mon portable ? Comment a-t-il pu prendre le mien ? Quand a-il eu le temps de faire tout cela ? Quelles sont ses intentions ? Est-il réellement sincère quant à ce rendez-vous ? »
Valentine, loin de penser à la soirée en boîte à laquelle elle se trouvait, luttait contre toute une série de questions plus complexes les unes que les autres qui flottaient sournoisement dans son esprit. Mais rien à faire, ces choses là étaient plus résistantes que les mauvaises herbes.

- Un autre !

Elle étendit son bras jusqu’au serveur du bar comme pour soutenir sa déclaration. Le serveur, tout d’abord un peu surpris par la frénésie de Valentine, la resservit d’un air satisfait.

- Dis Val-chan, tu devrais pas te clamer un peu, là ? s’inquiéta Tomoko. Ça fait le cinquième verre de saké que tu te fais cul sec !
- Je m’en fiches. Ce soir, j’ai envie de m’amuser, et c’est certainement pas en restant sobre que j’y arriverais.

Tomoko leva les yeux au ciel, puis regarda la piste de danse avec un air envieux.

- Bon, je sais pas trop ce qu’il t’arrive, mais soit tu viens avec nous, histoire qu’on s’amuse vraiment, soit on va demander à l’un des garçons de te raccompagner à la villa…

Son regard fût à nouveau happé par la foule de danseurs, et plus particulièrement par les deux jeunes hommes qui s’adressaient à Hikaru. Elle se leva d’un bon, son verre à la main puis jeta un coup d’œil qui en disait long à Valentine. Tomoko ouvrit la bouche, mais avant qu’elle n’ait eu le temps de prononcer un seul mot, une main se posa sur son épaule.

- Va rejoindre les autres, je m’occupe de Valentine.

Tomoko regarda Makoto comme s’il avait été un ange.

- C’est vrai ? fit-elle avec une voix pleine de gratitude. Je peux vraiment te la laisser ?
- Ça ira… Dis à Suzu qu’on vous rejoindra toute à l’heure.
- Oh merci Makoto ! Même si ça m’étonne un peu de ta part… C’est vrai que je te trouve plutôt étrange, ces dernier te…
- Allez, dépêche-toi ! Les deux étudiants vont s’enfuir !

La formule magique pour faire disparaître Tomoko étant prononcée, la magicien se tourna vers celle qu’il était censé protéger. Valentine, qui avait bu encore deux autres verres entre temps, était littéralement affalée sur le comptoir. L’une des serveuses, remarquant l’état de celle-ci, essayait de lui faire boire un peu d’eau.

- Merci, mademoiselle, dit Makoto, mais je crois que je ferais mieux de la raccompagner à notre villa…
- Oui, ça vaudrait mieux pour elle , s’inquiéta la serveuse, je n’ai pas l’impression qu’elle tienne très bien l’alcool… Vous êtes de sa famille ?
- Non, je suis son copain.

Makoto, un sourire satisfait sur le visage, souleva une Valentine à moitié endormie et la hissa sur son dos, puis se fraya un chemin jusqu’à la sortie à travers une foule de jeunes se trémoussant frénétiquement sur un musique au rythme entêtant.


¤ ¤ ¤




Arrivés à la villa, le calme ambiant et l’air marin redonnèrent à Valentine un semblant de vitalité. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle constata qu’elle se trouvait sur le dos de ce qui lui semblait être un cheval. Mais après un effort de concentration qui lui procura une migraine atroce, la jeune fille constata qu’il s’agissait en réalité d’un garçon. Elle n’aurait su dire qui, mais il était clair qu’elle se retrouvait avachie sur le dos d’un représentant de l’espèce masculine.

- N’est… où ? gémit-elle péniblement.

Makoto, qui venait de se rendre compte que Valentine s’était réveillée, s’empressa de l’amener jusqu’à sa chambre et de la poser sur son lit.

- On est arrivés à la villa… répondit-il. Tu te sens mieux ?

Elle entrouvrit les yeux et aperçut, penché sur elle, un japonais aux cheveux mi-longs, au regard inquiet mais au sourire craquant. Un japonais qu’elle avait vu plus d’une fois sur son écran d’ordinateur…
Valentine sourit à cette vue déformée par l’alcool, et hocha la tête en signe d’acquiescement.

- Quelle heure ? demanda-t-elle comme pour se rassurer.
- 00h03, il est tard… Repose-toi.

« 00h03, tu es en retard… Rejoins-moi. » furent les mots qui résonnèrent dans l’esprit troublé de la jeune fille. Captivée par cette lumière tamisée qui ressemblait à un éclat de lune, le rythme de son cœur s’emballant à une vitesse folle, elle se redressa lentement puis approcha peu à peu son visage de celui qui se tenait face à elle. Valentine s’arrêta brusquement, se sentant défaillir… Il lui effleura le visage, puis ses doigts descendirent doucement jusqu’à sa taille, comme pour dessiner le long de son corps un chemin à ses lèvres. Leurs regards, soudainement empreints de la même lueur intense, se croisèrent l’espace d’une seconde brûlante. Et, avant même que l’un des deux ait eu le temps de comprendre ce qui arrivait, leurs lèvres s’étaient rejointes dans un même élan fiévreux.

Dans un des coin de la pièce, une sonnerie de portable tentait en vain d’attirer l’attention de Valentine…

¤ ¤ ¤



Kame raccrocha pour la onzième fois. Il soupira, puis s’assis à l’endroit qu’il avait quitté quelques heures plus tôt. Finalement, il avait dû y aller un peu fort… Peut-être qu’elle ne l’avait pas pris au sérieux, ou peut-être qu’elle était encore énervée après lui, peut-être même qu’elle n’avait pas vu le message…
« Ça fait beaucoup de peut-être », se dit Kame en se grattant la tête. Pourtant, il était du genre à bien s’en sortir avec les filles, il trouvait toujours comment leur faire plaisir, comment les charmer. Mais là… l’indécision avait depuis longtemps pris le dessus sur ses talents de séducteur.

Il jeta un œil lointain à l’horizon qui s’offrait à lui. De là où il était, il avait un magnifique aperçu de l’immensité des plages d’Okinawa, de ce sable fin mêlé à une végétation luxuriante digne de cartes postales. Mais à la lumière nocturne, ce fut un bref scintillement qui l’hypnotisa : à côté de sa main droite posée à même le sol, une petit fleur bleue semblait le regarder d’un air espiègle. Kame fronça les sourcils, puis se pencha pour mieux voir.
C’était une minuscule fleur à corolle bleutées, cinq petites pétales fragiles plus claires au centre, entourant comme une autre fleur presque invisible d’un jaune éclatant. A cette vue, Kame sourit.

- Tiens, un myosotis… souffla-t-il.


¤ ¤ ¤




- Aïe !

Dans l’obscurité de la pièce, Valentine grimaça, puis se rallongea en se tenant la tête à deux mains. A peine avait-elle ouvert les yeux qu’un violent coup de marteau, témoin du saké de la veille, s’était abattu sur son crâne.
Au bout de quelques minutes, un sourire naquit sur son visage. Elle avait fait un rêve à la fois étrange et agréable, lui semblait-elle… Une espèce de promenade à cheval… Cheval qui s’était rapidement transformé en humain et qui, elle ne savait trop comment, l’avait emmenée jusqu’à Kame, qu’elle avait d’ailleurs embrassé… Puis comme par hasard, elle ne souvenait pas de la suite. Laissant échapper un rire mi-euphorique, mi-déçu, elle alluma sa lampe de chevet avant se passa les mains sur le visage.

- Kame… KAME ?!

Valentine se redressa brusquement, les yeux affolés et le cœur palpitant. Le rendez-vous ! Quelle heure était-il ? Elle sauta hors du lit et se précipita sur son sac pour consulter son portable, mais avant même qu’elle n’ai eu le temps de l’atteindre, elle se rendit compte avec effroi qu’elle était complètement nue. Elle balaya la pièce du regard, et aperçu ses vêtements soigneusement pliés sur sa table de nuit. Des vêtements pliés ? Elle qui les roulaient toujours en boule avant de se coucher ?
Valentine ferma les yeux et fit un effort de concentration pour se rappeler comment elle était arrivée dans son lit, nue, avec ses vêtements pliés. Peu à peu, la barrière de l’illusion qui persistait dans son esprit se levait…

Son cœur lui sembla alors faire un voyage à travers des montagnes ruses. Après une bouffée de chaleur et quelques frissons préliminaires à un second coup de marteau sur le crâne, elle se releva fébrilement et retourna s’asseoir sur son lit, la tête dans les mains. Ce n’était pas Kame, c’était Makoto. Ce n’était pas un rêve, c’était la réalité. A présent, elle tremblait presque. Tout cela la dépassait…

A tâtons, Valentine se dirigea de nouveau vers son sac, l’esprit noyé dans un brouillard total. Elle attrapa son portable et tenta d’y lire l’heure : celui-ci indiquait 3h27. Elle sursauta. Même avec de l’alcool dans le sang, son horloge interne lui prévoyait des nuits très courtes…
Et, par un hasard presque insoutenable, son portable vibra dans la main de la jeune fille, attirant à nouveau son regard sur l’écran. Là, une nouvelle surprise l’y attendait…

« 11 appels maqués.
From : Kamenashi Kazuya »



¤ ¤ ¤



« - Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Tu es folle, c’est ça, complètement folle… Qu’est-ce que tu fais, dehors en pleine nuit, dans une ville où tu n’est jamais venue, après t’être pris une cuite et avoir couché avec un gars que tu connais à peine ? Et là, tu comptes aller rejoindre l’autre type un peu louche que tu ne connais carrément pas ?

- « L’autre type un peu louche », tu dis… Sacrément mignon, pour un type un peu louche, quand même… Et puis ne me sors pas que tu ne le connais pas, tu as dû éplucher à peu près tout ce qui existait sur lui sur le net, et l’une des raisons qui t’as faite venir au Japon, c’était l’envie de le rencontrer… Maintenant que tu as ta chance, tu ne vas pas le laisser filer… n’est-ce pas ?

- Tu oublies que tu t’es déjà plus au moins engagée ! Le Makoto, là, tu dois prendre tes responsabilités en vers lui… c’est toi qui t’es jetée sur lui, je te signales… et après avoir bu comme un trou… Tu me déçois terriblement ! Et tout ça c’est à cause d’Ichi !

- Hey, oh, c’est de moi que tu parles, là, Scrachi ? Non mais tu t’es vu avec tes manières vieux jeu ? Elle a quand même le droit de s’amuser un peu ! Et puis de toute façon, elle aime bien les deux, alors je vois pas pourquoi elle devrais avoir des engagements envers Makoto, elle sors même pas avec ! Et maintenant, elle va aller rejoindre Kame, puisque depuis le début elle mourrait d’envie d’aller le voir…

- Mais elle n'y est pas allée, ça veut dire qu’elle en avait pas si envie que ça, tu crois pas ? Et puis, rien ne garantit que Kame sera toujours sur le lieu de rendez-vous après trois heures et demie ! C’est moi qui te le dis, si elle ne rentre pas tout de suite, non seulement elle va attraper froid et risquer de se perdre, mais en plus ça ne va faire qu’embrouiller les choses…. Qui le sont déjà bien assez, si tu veux mon avis.

- Mais s’embrouiller, ça peut lui être salutaire ! Au moins, elle sera fixée si Kame était sincère ou pas, et puis Makoto… Makoto on verra après, c’est pas pressé, lui ! Chaque chose en son temps, maintenant elle s’occupe de Kame et-c’est-tout ! Allez, va le voir !

- Non, ne vas surtout pas le voir !

- Si, vas le voir !

- Ne vas pas le voir ! »

- LA FEEEERME !!!

Le hurlement de Valentine résonna dans toute la baie. Les deux voix qui se disputaient dans sa tête lui étaient si bruyantes, si insupportables qu’elle ne pensa même pas à vérifier qu’elle était seule. Comme pour les faire taire, elle saisit un peu de sable dans sa main et le jeta furieusement vers la mer. Mais, curieusement, ce geste la calma quelque peu. La mélodie marine étant à présent la seule mélodie qui filtrait dans son esprit… Quelque chose comme un « Ssssh… Ssssh… » qui semblai dire « Va… Va… »

Et, sans se poser plus de questions, Valentine alla.


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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 20:09


Akaito - 赤糸
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Chapitre 8





- A moi, Okinawaaaaaa !!!!

Et voilà Hikaru qui courrait, les bras écartés, sur le morceau de plage auquel faisait face la villa de Suzu. Tomoko ne tarda pas à l’y rejoindre : sous un ciel bleu éclatant, le soleil flamboyant leur léchant le visage, les deux jeunes filles hilares se mirent à exécuter des figures de gym plus ou moins réussies… enfin, surtout moins. Et c’est lorsque Akira fit la superbe démonstration d’un saut périlleux arrière que les deux jeunes filles, la mine piteuse, abandonnèrent leurs acrobaties au profit des quelques cocktails sans alcool que Suzu avait servi sur la terrasse.

Valentine, elle, admirait le paysage. A vrai dire, vouloir le prendre en photo était presque un outrage à l’eau scintillante couleur jade qui s’étendait à perte de vue et au parfum acidulé qui flottait dans l’air.

- C’est beau non ? releva Suzu en sirotant une boisson bleue. La plupart des étrangers pensent qu’au Japon, aller à la plage en plein hiver c’est une perte de temps, mais en fait c’est là que la mer est la plus belle. Et tu verras, c’est pas aussi froid qu’on pourrait le croire !

Valentine sourit, les yeux dans le vague. Puis, tout à coup, elle se leva, le regard soudainement pétillant.

- Dis, Suzu, à quelle heure on est censés sortir ce soir ?
- Hum… vers 21h je pense, le temps d’aller voir un peu les endroits qui vous tentent…

Valentine regarda sa montre : 17h40. Voilà qui lui laissait largement le temps.

- Ça te dérange si je pars marcher un petit peu ? j’ai envie de voir les environs.

Suzu baissa la tête, esquissant un petit sourire en coin.

- Tu vois, je sais pas pourquoi, mais j’étais à peu près sûre que tu dirais ça… Vas-y, du moment que tu gardes ton portable sur toi et que tu rentres avant 21h…
- Ok, j’y vais !

Et à peine Valentine eût-elle le temps d’attraper son sac qu’elle était déjà hors du champ de vision de Suzu.
Marcher, c’était quelque chose qu’elle appréciait tout particulièrement. Juste histoire de se perdre dans ses pensées, d’admirer ce qui l’entourait… Et elle marchait ainsi pendant un longtemps, sans même se rendre compte de la véritable course à laquelle se livraient les aiguilles de sa montre.
Et aujourd’hui encore, elle ne dérogea pas à sa tradition : elle ne s’arrêta que lorsqu’elle eût trouvé un coin tranquille, qui lui permettrait de goûter à l’ambiance d’Okinawa et de réfléchir paisiblement à de nouvelles fictions, l’une de ses plus grandes passions.

Et la voilà partie… son imagination n’avait plus de limite, rien n’aurait pu la tirer de sa léthargie… rien… ou presque.

- Tu aimes bien, ici ? fit une voix derrière elle.

Valentine se retourna brusquement, comme si l’on l’avait violemment sortie d’un sommeil profond. Makoto s’approcha lentement, puis s’assis à côté d’elle.

- Moi, j’aimes beaucoup. Je venais souvent ici quand j’étais plus jeune. Nos familles se connaissaient déjà, à tous les six, alors il nous arrivaient de faire des voyages en groupe. Et quand j’avais envie d’être un peu au calme, ou les fois où je me disputait avec mes parents, je venais ici… On a un peu l’impression d’être dans un bulle, tu trouves pas ?

Valentine, qui fixait Makoto d’un air littéralement stupéfait, ne réussit à articuler aucun son ressemblant à une phrase, ou même à un mot. A la vue de cette maladresse, le jeune homme éclata de rire.

- Tu devrais manger quelque chose : tu es tellement blanche qu’on dirait que tu as vu un fantôme. Tiens, une pomme.
- Ex…excuse-moi, finit pas lâcher la jeune fille en attrapant le fruit. Tu… enfin… pendant un instant, tu m’as rappelé quelqu’un…
- Ah ? Quelqu’un de sympa, au moins ?
- Ou… oui…
- Tant mieux alors !

En fait, Makoto n’avais éveillé aucun souvenir dans l’esprit de Valentine. Seulement… c’était comme si sa personnalité avait complètement changé. Le Makoto à la mine renfrognée, celui qui lui avait dit des choses insensées à l’hôpital, celui qui l’évitait sans cesse depuis… C’était bien lui ? Le voilà qui souriait, qui riait, même, et qui parlait de lui. Et le plus incompréhensible dans tout ça, c’est que le malaise qu’il lui procurait auparavant avait totalement disparu. Au contraire, Valentine se sentait sereine. "Je dois rêver", lui semblait-il.

- Tu écris quelque chose ? Je peux lire ?
- Non !

Valentine fit un mouvement en arrière. Elle aimait bien faire lire ses fictions… mais avant qu’elles soient terminées, il en était hors de question ! C’était comme si l’on lui volait une partie d’elle…

- Désolée… mais là…
- T’inquiètes pas, je comprends. Moi non plus je n’aime pas faire écouter mes chansons tant que je ne les ai pas terminées, ou que je n’en suis pas satisfait.
- Tu composes ? s’étonna Valentine qui allait de surprise en surprise.
- Oui, depuis que j’ai 15 ans à peu près… J’ai appris à jouer au piano et à la guitare depuis mon enfance, on aime beaucoup la musique dans ma famille. Et un jour, j’ai eu envie de voir ce que ça donnait si je créais mes propres chansons au lieu d’écouter celles des autres.
- Oh vraiment ? J’aimerais bien en tendre quelques unes !
- Quoi, là, tout de suite ?

Et le temps passa à une vitesse affolante. Plus ils parlaient, plus Valentine trouvait à Makoto un charme sorti de nulle part. En fin de compte, c’était un garçon plein d’esprit, plutôt drôle en fait, avec un regard pétillant que Valentine n’avait cessé de croiser. Peut-être avait-il réussit à faire le deuil de Sakura ? Mais si brusquement…

- Ah, désolé ! fit Makoto en décrochant son portable.

Valentine le regarda s’éloigner un peu, puis se dit qu’il valait mieux éviter de se poser trop de questions. "L’être humain est une bien étrange créature…" pensa-t-elle simplement avant d’effacer toute pensée complexe de son esprit.

- Désolé, répéta Makoto en revenant. Taro veut mettre quelques trucs au point avec Akira et moi, il m’a demandé de rentrer. Tu restes ou tu viens ?
- Je pense que je vais rester encore un peu, j’ai quelques petite choses à peaufiner et ça devrait aller… Je vous rejoins à la villa dans 30 minutes, d’accord ?
- Comme tu voudras ! fit-il avec un sourire que la jeune fille trouve superbe. Bye !

Et tandis que Valentine se replongeait peu à peu dans ses écrits, elle fut parcourue d’un frisson le long de son dos. Presque par hasard, elle se tourna à nouveau, s’imaginant que Makoto avait dû revenir pour une quelconque raison.

- Ah… Je t’ai fait peur ? demanda Kame.

Cette fois, la jeune fille sursauta pour de bon. D’abord le karaoké, puis ce rêve, puis l’avion, et maintenant… Depuis qu’elle était arrivée au Japon, Kamenashi Kazuya n’avait cessé de croiser sa route…

- Tu vas mieux depuis l’autre fois ?
- Mais… vous… vous me… reconnaissez ?
- Evidemment ! Après le coup du karaoké, tu crois que je t’aurais oublié si facilement ?

"Y a pas à dire, j’ai eu mon lot de surprises, aujourd’hui !" pensa Valentine tandis que Kame s’asseyait à la place que Makoto avait laissé vacante quelques minutes plus tôt.

- Mais dans l’avion… vous…
- Arrête de me vouvoyer, tu veux ? On a à peu près le même âge, non ?

Valentine acquiesça.

- Bon, tu vois… Ah et pour l’avion, je suis désolée, mais je n’ai pas le droit de parler aux fans en public…
- Aux fans ? Excuse-moi si je te vexe, mais je suis loin d’être une fan de ton groupe ! s’emporta-t-elle.
- Ah bon ? Tu n’aimes pas KAT-TUN ? On aurais vraiment dis pourtant…
- Et tu te bases sur quoi pour dire ça ?

Kame la regarda en coin, et lui fit un petit sourire rusé.

- Disons que c’est mon instinct qui me l’a dit…
- Ah parce que tu marches à l’instinct, toi ? Très intelligent, vraiment… Et après tu me prends pour une de ces groupies qui hurlent ton nom et celui de tes copains dès que l’un de vous fait un déhanché dans vos concerts hors de prix ? Ou alors celles qui regardent un drama simplement parce qu’un « KAT-TUN » joue dedans ? Ne me mets pas dans le même sac qu’elles ! Et ne me sors pas cet air satisfait ! Retourne voir tes copains, ils doivent sans doute t’attendre pour une séance d’autographes, puisque tu n’as pas le droit de « parler à tes fans en public »…

Et dès que Valentine eût finit sa tirade, Kame éclata de rire. Exaspérée, celle-ci rangea ses affaires dans son sac et se commença à partir d’un pas énergique, laissant Kame seul dans son hilarité.
Mais à peine avait-elle fait deux pas que Kame l’interpella à nouveau.

- Pour quelqu’un qui se dit loin d’être fan, tu es bien au courant… mais bon, je vais pas t’embêter avec ça. Et puisque tu semble manquer "d’instinct", alors laisse moi te prévenir…
- Et tu comptes me prévenir de quoi, monsieur le voyant ? dit Valentine, en se décidant à faire face à Kame.
- L’autre gars, là, celui qui était avec toi tout à l’heure… Makoto, je crois ?
- Oui alors, qu’est-ce qu’il a, Makoto.
- Il a qu’il n’est pas celui que tu crois. Et toi… et toi, tu n’es même pas capable de voir qu’il te baratine… C’est pourtant tellement évident, mais toi tu es rentrée dans son jeu comme un rien. Je dois dire qu’il est plutôt bon acteur, le Makoto.

Valentine resta estomaquée par l’audace dont il faisait preuve. Le temps d’assimiler ce qu’il venait de lui dire, elle le fusilla du regard, l’envie de lui mettre une baffe lui étant de plus en plus intenable.

- Parce que tu nous espionnais, en plus ? Et puis… mais de quel droit tu me parles comme ça ? Je ne t’ai rien demandé ! Je ne suis plus une enfant, je sais quand même me rendre compte quand on est sincère ou pas ! Et puis… je parle à qui je veux, que je sache ! Oh et pourquoi je me justifies… Tu veux que je te dises, celui qui n’est pas ce que je croyais, c’est toi. Si tes fans savaient à quel point ta vraie petit personne n’a rien à voir avec celle qu’elles voient à la télé… J’aurais presque pitié de toi !

Et Valentine tourna les talons, puis courut droit devant elle pour éviter que Kame, laissé seul à l’endroit qu’elle venait de quitter, lui adresse à nouveau la parole.

Lorsqu’elle fut suffisamment loin, elle ralentit le pas et se laissa tomber sur le sol des plages d’Okinawa. Des larmes mêlant rage et déception coulaient le long de ses joues rosies par la course pour aller s’écraser sur le sable, formant des petites taches brunes éphémères.

- Mais pourquoi, pourquoi il faut toujours que je fasse tout foirer ?

A cet instant précis, la sonnerie de son portable retentit. Ce n’était pas un appel, mais un sms… Valentine extirpa l’appareil de ses affaires tout en séchant ses larmes, persuadée que Suzu devait s’impatienter. Mais lorsqu’elle lu son message, les larmes s’arrêtèrent d’elles même. A peine cinq mots… cinq mots qui la tétanisèrent sur place.


"Ce soir, minuit, même endroit.
From : Kamenashi Kazuya"


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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 20:07


Akaito - 赤糸
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Chapitre 7




Kame leva les yeux vers le visage de celui qui se tenait face à lui. Derrière des cheveux pendus dans le vide, il distingua dans un regard sombre et glacial quelque chose de transperçant. Il réprima un sursaut d’effroi. Que lui voulait ce garçon à l’aura si hostile ? Il n’était pas beaucoup plus âgé que lui, peut-être même plus jeune, et il ne semblait pas déceler dans son visage des traits familiers. Non, ce type là, il ne le connaissait ni d’Eve ni d’Adam. Reprenant peu à peu ses esprits, il fronça les sourcils et tenta de se lever en s’appuyant sur la cuvette lorsqu’il reçu un violent coup de pied dans le ventre, le renvoyant à terre.

- Qui t’as dit de bouger ? Tu resteras assis aussi longtemps que je l’aurais décidé.

Le garçon avait parlé d’un voix ferme et aussi froide que son regard. Kame, les bras autour du ventre, jugea bon de ne pas protester et resta dans son coin.

- Je peux au moins savoir ce que tu me veux ? Je te connais même pas !

L’autre leva la main à son menton et esquissa un sourire rusé, un peu en coin.

- Ce que je te veux ? C’est très simple mon p’tit gars. Déjà, comme tu peux le voir, j’en ai rien à faire que tu sois une idole ou je sais pas trop quoi, je vais te traiter comme n’importe quel naze. Et quand à me connaître, sache que j’en ai pas besoin pour te mettre mon point dans la figure.

Kame comprenait de moins en moins. De quel droit se faisait-il traiter de naze ? Son incrédulité un peu indignée dû se voir sur son visage, puisque l’autre continua.

- Je vais t’expliquer, t’inquiètes. Sinon, ça aurait servi à rien que tu sois ici. Si je te dis Valentine, tu vois de qui je te parles ?

Kame réfléchit un instant. Voir, il voyait très bien. Après, le tout était de savoir s’il était judicieux de le révéler à son agresseur.

- Non, pas tellement, feignit-il en détournant le regard. C’est qui ?
- Espèce de…

Avant même qu’il ait pu débiter ses injures, il avait saisi Kame par le col et, d’un force presque surhumaine, le souleva du sol et le plaqua contre le mur, ses yeux plein de rage le fusillant avec une haine terrifiante. Kame resta impassible, pensant qu’une seul geste de sa part n’aurait fait qu’aggraver les choses. Le garçon sembla alors vouloir lui hurler tout ce qu’il méritait d’entendre, mais se retint avec un soupir rageur, se rappelant que l’on pouvait l’entendre. Il reposa l’autre non sans brutalité, et lui adressa son avertissement d’une voix plus basse, mais toute aussi méprisante.

- Ecoute moi bien, petit con, tu sais pas sur qui t’es tombé. Tu comprends, moi, je vois clair dans ton jeu. Tu crois que je t’ai pas reconnu, peut-être ? T’es le gars du karaoké, l’espèce d’ordure qui joue avec Valentine. Je t’ai bien observé, depuis que je t’ai vu entrer. Je sais pas pourquoi t’es encore arrivée sur son chemin, t’aurais jamais dû y être , même. T’es un de ces types qui prennent les filles puis qui les lâchent quand ils ont eu ce qu’ils voulaient, et c’est ce que tu veux faire avec Valentine. Mais moi, je te laisserai jamais l’avoir, tu comprends ça ? Jamais tu l’auras, jamais ! Je le refuse !

A la fin de sa tirade, il augmenta le son de sa voix avant de mettre sur le nez de Kame un coup de point spectaculaire. Celui-ci retomba à terre, la main sur son membre douloureux. Il leva alors vers l’autre des yeux rusés, et lui fit un sourire provocateur.

- Tu crois que je vais me laisser faire ?
- Eh ?
- Je t’ai dit que je me laisserai pas faire. Je ne vais pas m’écraser devant un type comme toi, non ? T’es son copain ?

Pour la première fois, le garçon parut alors pris au dépourvu. Son regard, tout d’abord légèrement surpris, sembla muer en une expression d’affrontement, comme s’il considérait à présent Kame comme un véritable rival.

- Non, je suis pas son copain, c’est vrai. Pas encore. Et je ne te laisserais pas le devenir à ma place. Surtout pour une larve telle que toi.
- C’est ce qu’on verra… Moi non plus, tu vois, je n’ai aucune intention de te la laisser. Pas à une ordure telle que toi.

Ils échangèrent alors un regard brûlant d’électricité, chacun voulant ainsi faire sentir son dégoût à l’autre. Le garçon, toujours avec son sourire en coin, tourna le verrou et s’apprêtait à sortir lorsque Kame l’interpella.

- Dis moi… On rentre dans un combat à armes égales, alors j’estime que tu me dois au moins le droit de savoir qui est mon adversaire.

Le garçon stoppa net. La main sur la poigné abaissée, il se figea dans une attitude qui semblait laisser place à la réflexion. Puis, sans bouger d’un millimètre, il déclara :

- Sache que je ne considère pas qu’on se bat à armes égales. Je suis largement au-dessus de toi. Sois donc conscient que tu perdras face à Makoto.

Il sorti alors de la minuscule pièce et referma la porte, toujours sans un regard pour Kame qui, le sourire moqueur, sentait monter en lui une excitation de plus en plus intense. Avant, il avait déjà envie d’avoir Valentine. Maintenant, il en était devenu avide.


¤ ¤ ¤



- Mademoiselle ! S’il vous plaît Mademoiselle !

Valentine accourut vers la femme qui l’interpellait. Elle était visiblement débordée, seuls avec trois bambins qui ne tenaient pas en place. Un petit garçon d’environ 5 ans sautillait sur son siège en chantant une chanson à tue-tête à une petite fille plus jeune, visiblement 3 ans tout au plus, qui n’appréciait manifestement pas cette attention puisqu’elle essayait en vain de le faire tomber. Pendant ce temps là, leur mère, une femme dans la trentaine, tenait entre ses bras un nourrisson qui gratifiait le chahutage général de ses braillements incessants. La mère regarda Valentine d’un air désespéré et la supplia à mainte reprise de l’aider à calmer ses gamins.

- Je suis toute seule, fit-elle au bord de la crise de nerf. Mon mari nous attend à Okinawa où nous allons emménager, et comme c’est la première fois que mes enfants prennent l’avion, ils sont surexcités et je n’arrive pas à les calmer ! Je vous en prie aidez-moi !

Les voisins confirmèrent d’un air mécontent, ce à quoi la jeune femme répondit en s’excusant des dizaines de fois d’affilée. Valentine réfléchit, puis s’absenta un instant pour aller quérir les conseils de Hamako.

- Dans la cabine de pilotage, le petit ! s’exclama-t-elle avec son sourire de poupée. Les petits garçon sont toujours émerveillés lorsqu’ils rentrent dans le cockpit, ça les calme tout de suite tu verras ! Et la petite fille, essaye de lui faire faire des coloriages, ou raconte lui une histoire, comme ça la mère aura un peu plus de temps pour s’occuper de son bébé.
- Hamako, tu es un ange !

L’hôtesse de l’air s’empressa d’emmener le petit garçon auprès des commandants, tandis que Valentine pris la main de la petite fille et s’éloigna vers la cabine, croulant sous les remerciements de la mère et les soupirs de soulagements des autres voyageurs. Valentine ne savait pas tellement s’occuper des enfants, mais celle-ci semblait être plutôt calme, quand son frère n’était pas dans les parages. Elle tira sur la jupe de la jeune fille et leva vers elle des yeux plein d’innocence.

- Oneesan, tu t’appelles comment ?
- Moi c’est Valentine, répondit-elle en s’accroupissant à la hauteur de l’enfant. Mais tu peux m’appeler Val, si tu veux. Et toi, tu t’appelles comment ?
- Ruriko ! Et z’ai 3 ans !
- Et bien, Ruriko, en attendant que tu ailles rejoindre ton Papa, on va faire de jolis coloriages, toi et moi, tu veux bien ?

La petite décocha un « Mmm ! » appuyé d’un hochement de tête, puis fit à Valentine un sourire adorable. La jeune fille fondit sur place : une petit japonaise de 3 ans, qui se baladait avec des couettes sautillantes et le sourire le plus angélique du monde, c’était impossible de lui résister. Voilà de quoi donner à Valentine matière à rêver sur son avenir familial…


¤ ¤ ¤



Valentine et les autres hôtesses employaient toute leur énergie afin de remercier comme il se devaient les clients de Japan Airlines. Courbettes formelles sur courbettes formelles… La jeune fille s’endormait presque à force de répéter les mêmes gestes monotones, illustrations de ses « Merci de votre visite ! » flanqué du sourire de convenance. Et ce fut lors d’une des ses prestations récurrentes qu’elle se retrouva face à la petite Ruriko, l’air un peu fatigué mais toute aussi rayonnante.

- Elle voulait absolument vous faire un cadeau, dit la mère en prenant la main de son aîné. Je crois qu’elle s’est beaucoup amusée avec vous !
- Mais pour moi aussi, ce fut un bonheur ! avoua Valentine.
- Tiens, Val-neesan !

La gamine tendit à sa bienfaitrice l’une de ses créations. Sur la feuille de papier initialement blanche, Ruriko avait griffonné une petite fille aux couettes bondissantes qui tendait la main à une jeune fille en bleu et blanc, sur un fond de mer du Sud du Japon. En arrière plan, se tenaient sur la gauche un homme et une femme, un bébé dans les bras de l’une et une petit garçon sur les épaules de l’autre.

- C’est très joli ma petite Ruriko ! Ça me fait très plaisir ! C’est ta famille ?

La petit fille hocha la tête, secouant ses couettes avec grâce, puis entama ses explications d’un air professoral accomplit.

- Là, derrière, c’est Okinawa, parce que c’est là qu’on va vivre avec ma famille, et là c’est Maman, Papa, Tsutomu et Aiko. Devant, c’est toi, oneesan, et là c’est moi.
- Je vais le garder très précieusement, ton dessin ! Je l’aime beaucoup !

Le visage de l’enfant s’éclaira encore un peu plus en entendant ces mots. Sa mère lui pris alors la main, lâchant celle de son fils, et adressa à Valentine te ses collègues ses remerciements les plus sincères.

- Allez venez, les enfants, on va retrouver Papa ! dit-elle à sa fille et son fils en descendant joyeusement les escaliers qui menaient à la terre ferme.
- Joli portait de famille, non ?

Valentine sursauta.

- Suzu ! Tu m’as fait peur !
- Il ne manque que le père, non ? lança-t-elle d’un air rêveur. Mais ils vont le rejoindre, d’après ce que j’ai compris. Aaaah j’ai hâte d’avoir la même chose avec Taro !

« Heureusement que le Taro en question n’entend pas ça » pensa Valentine. A 20, se marier et avoir des enfants, c’était un peu tôt, non ? Mais les mœurs japonaises n’étaient pas tout à fait les mêmes qu’avait connu la jeune européenne, alors le désir de Suzu n’était peut-être pas si irréaliste, au final ?


¤ ¤ ¤



Chaudement remerciées par tout le personnel de la compagnie aérienne, et gratifiées d’un voyage gratuit en retour de leur immense service, Hikaru, Tomoko et Valentine marchaient à présent en direction de la sortie de l’aéroport, où le reste du groupe avait convenu de les attendre. Et tandis que les deux bavardes jacassaient sur leurs sujets de discussion favoris, Valentine plongea son retard dans le dessin de la petite Ruriko. Quelque chose l’y intriguait. En cherchant ce qui lui semblait étrange, ses yeux se posèrent alors sur le personnage de la petite fille : en réalité, elle tenait quelque chose entre ses mains. Quelque chose… d’un éclat bleu parme. Une fleur, il lui aurait semblé. Une fleur… qui lui rappelait un je-ne-sais-quoi de son enfance… Un je-ne-sais-quoi lointain, si lointain qu’il lui paraissait venir d’un autre vie...



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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 19:59


Akaito - 赤糸
-
Chapitre 6




- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, nous vous prions d’attacher votre ceinture pour le décollage imminent. La compagnie Japan Airlines vous souhaite un excellent voyage.

Valentine avait l’air d’une petite fille qui avait découvert où le Père Noël dissimulait ses cadeaux. Faire une annonce pareille ne lui arriverai peut-être qu’une seule fois dans sa vie, alors elle profitait de cette jolie occasion, le regard éclatant, de se prendre pour une « Princesse de l’air ». C’était comme dans les films…

- Bon, je vais vous donner vos instructions, expliqua Hamako aux nouvelles recrues. Après stabilisation de l’appareil et pendant que Manami et moi allons expliquer aux passagers les consignes de sécurité, vous allez préparer le déjeuner. Mais ne leur apportez pas tout de suite : vous devez d’abord leur servir les boissons dans le placard 1, et vous avez aussi droit aux boissons du placard 2 pour les premières classes et classes affaires. Vous avez des questions ?

L’hôtesse de l’air afficha un sourire parfait aux trois jeunes filles, qui acquiescèrent et s’exécutèrent le seconde d’après. Elles avaient ainsi négocié l’affaire : Pour l’apéritif, Valentine et Kurosawa s’occuperaient de la classe économique, tandis que Hikaru et Tomoko serviraient les premières classes et classes affaires. Ensuite, pour le déjeuner, ils échangeraient.

Puis l’avion décolla. Pas une secousse trop violente, ni trop brusque : le commandant savait parfaitement comment manier l’engin pour donner une impression de flotter entre les nuages eux-mêmes. Valentine se laissa porter par cette sensation de mollesse quelque instants avant d’aller préparer tout le nécessaire. Puis, elle se dissimula afin d’observer ses deux senpais d’un jour montrer comment mettre le gilet de sauvetage. « Au moins, là ça sert à quelque chose » pensa-t-elle en pouffant de rire. « Parce que les gilets de sauvetages quand on fait Paris/Francfort… ». Il n’empêche que les deux hôtesses maîtrisaient parfaitement leur sujet, et s’appliquaient rigoureusement à donner des explications claires et faciles. Valentine remarque cependant que la plupart des regards étaient tournés vers Hamako, laissant pour compte la petite Manami, qui faisaient pourtant des efforts incroyables pour paraître sûre d’elle.

Ce fut alors le moment pour les trois novices de « passer à l’action », comme disait Tomoko, ce qui, par ailleurs, ne devait certainement pas avoir le même sens chez elle que chez Valentine. Empoignant son chariot à deux mains, celle-ci se dirigea alors vers sa nouvelle scène, un sourire sincère éclairant son visage.

¤ ¤ ¤


Être hôtesse de l’air n’était pas vraiment comme tout le mondes e l’imaginait. Valentine s’en rendit compte très tôt. C’st sûr, il y avait les gens qui la regardait comme si elle était la huitième merveille du monde, et aussi ceux qui la remerciaient et lui décrochaient un sourire lorsqu’elle leur tendait la boisson commandée, mais ceux-là étaient rares. La plupart des gens étaient froids, ou trop occupés pour répondre autre chose que « bière », « fé » pour « café », ou parfois un simple « hum », que Valentine traduit par « rien ». Mais elle restait toujours polie, le sourire aux lèvres, sachant qu’elle devait au moins être à la hauteur du travail qu’on lui avait confié.
Vint ensuite le moment où elle se rapprocha des sièges de la petite bande, à avoir Suzu, Taro, Akira et… Makoto.

- Et ben dis donc qu’est-ce que tu peux être classe ! s’écria Suzu, regardant la française de haut en bas.
- Oui, cette tenue te vas bien ! renchérit Taro. Tu ne veux pas faire hôtesse de l’air pour de bon ?
- Non merci, répondit Valentine d’une voix à peine audible. C’est pas vraiment ce qu’on croit… Mais merci quand même pour le compliment ! Alors vous voulez quoi ? Je peux vous proposer du…
- T’inquiètes pas, tu peux enlever les formalités avec nous. Taro et moi on prendra bien un café, mais les autres je sais pas…

Suzu se retourna. Akira était absorbé par un spectacle se déroulant en face de Valentine, sur l’autre rangée. Un spectacle nommée Kurosawa Satoshi. Le couple se retint d’éclater de rire, à la vue des yeux gourmands qu’Akira avaient posé sur le steward. Pas la peine de demander chez qui il prendrait sa commande…

- Ah ? Makoto n’est pas là ? s’étonna Suzu. Mais je l’ai vu il y a deux secondes à peine !
- Il a dû partir aux toilettes, la rassura Taro. Mais c’est bon, donne lui un café aussi, c’est ce qu’il aurait pris de toute façon.

Valentine se tu. En fait, depuis l’hôpital, Makoto l’évitait ouvertement. Non seulement il avait été absent de toutes les sorties qu’ils avaient faites, mais il n’avait pipé mot de tout le voyage. Et son visage ? Encore plus renfrogné. La jeune fille soupçonna d’ailleurs fortement que la raison pour laquelle il était venu avec eux à Okinawa était le talent de persuasion de Suzu et Taro. Elle se sentait un peu mal-à-l’aise, elle aussi, mais ne savait trop quoi lui dire. Alors, en attendant qu’un occasion de lui parler normalement se présente, elle faisait semblant de ne rien voir.

- Bon, je vous laisse, je dois continuer ma tournée !
- Ok, à tout à l’heure !

Et Valentine repartit dans son périple des boissons apéritives. Un petit sourire à droite, un café puis un grognement, et un petit sourire à g…
De stupéfaction, elle manqua de renverser tout le contenu de son chariot. A sa gauche, justement, sur deux rangées, s’étalait un groupe de garçons qu’elle commençait à bien connaître…

- Pour moi ça sera un jus d’oranges, s’il vous plaît mademoiselle, commanda l’un d’entre eux pendant que Valentine se remettait son choc. Et vous, vous prendrez quoi ?

La jeune fille n’en croyait pas ses yeux… Encore un rêve ? Non, cette fois elle en était certaine, elle était parfaitement réveillée. A moins que ce ne soit qu’une hallucination ? Non, rien à faire, c’était vraiment eux… enfin… c’était vraiment LUI…
L’esprit absorbé par un livre, tout juste entre Akanishi Jin et Taguchi Junnosuke, se tenait Kamenashi Kazuya. Il affichait une expression concentrée, néanmoins à moitié dissimulée derrière ses cheveux, encadrant son visage fin avec grâce. Ce fut une vision qui, ironiquement, absorba l’esprit de Valentine. Elle sentit à nouveau son cœur s’accélérer, le rouge lui montant au visage, tout comme dans son rêve. Mais cette fois, il n’y eût aucune douleur, aucun manque d’air… « Peut-être par ce qu’il ne m’a pas vue » se dit-elle. « Mais comment… je ne comprend pas… » Vraiment, Kame était très mignon, elle s’en était déjà rendue compte, mais de là à ce qu’elle ressente réellement quelque chose… Non, c’était juste l’effet de surprise, rien de plus, rien, vraiment. Malgré tout, ses yeux restaient fixés sur les paupières baissées du jeune garçon, à tel point qu’elle ne se rendit même plus compte qu’on lui adressait la parole.

- Mademoiselle ? interrogea Jin. Tout va bien ?

Valentine n’atterrit enfin que lorsque le japonais lui secoua la main.

- Mademoiselle, s’enquéri à nouveau Jin, vous voulez que j’appelle quelqu’un ?
- Non… non, non, ça va merci… souffla Valentine en se forçant à sourire. Ça va même très bien !
- Bon… alors ça sera trois jus d’oranges, un café et… Kame, tu m’as dit quoi, déjà ?
- Un café, répondit l’autre en soupirant.
- Ok, alors deux cafés et aussi une bière, s’il vous plaît.

Le temps d’une seconde, à peine perceptible, Kame leva les yeux vers Valentine. Celle-ci eût tout juste le temps de s’en rendre compte qu’il s’était à nouveau plongé dans son livre. Pas un seul autre geste, ni un seul autre mot. « C’était évident, pourquoi m’aurait-il reconnut ? », pensa-t-elle en servant ce qu’on lui avait commandé. « Ce n’est pas un fille comme moi qu’on retient, et puis il ne m’a vue que quelques secondes, et puis… je suis une idiote. »
A vrai dire, elle était déçue. Pourquoi ? Elle ne le savait pas elle-même. En y réfléchissant bien, c’était ridicule de sa part de s’être imaginé des choses. Simplement parce qu’elle avait rencontré Kame une fois dans sa vie – rencontre qui lui avait d’ailleurs valut un petit séjour à l’hôpital -, et aussi parce qu’elle avait fait un étrange rêve avec lui, et parce qu’il était là, maintenant, dans cet avion… Non, il n’y avait rien, c’était évident. Juste… une petite coïncidence. C’était ça, une simple coïncidence.

Et Valentine continua à pousser son chariot, tout en s’efforçant de penser ses paroles du plus profond d’elle–même.

¤ ¤ ¤


- Hey ! chuchota Jin. Kame ! Kame, tu m’écoutes ? Kameeeee !

Kame posa son livre sur ses genoux, rejeta ses cheveux en arrière et regarda J d’un air agacé.

- Quoi ? dit-il en insistant sur les mots. Qu’est-ce que tu veux ?

L’autre tout aussi enthousiaste, ne se laissa pas déstabiliser.

- Dis, tu l’as vue, l’hôtesse de l’air, là ? T’as vu, c’était une occidentale ! Tu crois qu’elle fait combien ?
- Hein ? Ah… je sais pas moi… je dirais 1m70 à peu près.

Jin éclata de rire.

- Tu crois que je te parle de sa taille… tout court ?
- Jin, tu peux pas te calmer un peu ? Dès que tu vois une fille plus ou moins mignonne, tu veux te la faire. Les trois de la semaine dernière, c’était pas suffisant ?
- Mais je suis jeune ! rétorqua l’autre, pas vexé pour le moins du monde. Si je profite pas maintenant, tu me dis quand est-ce que je le ferais ? Et puis tu peux parler, toi aussi, t’es pas vraiment blanc comme neige…
- Mais moi, tu vois, c’est pas excessif… je suis un mec normal, j’utilise pas ma notoriété pour avoir toutes les filles que je veux.
- Tu parles, et tu crois que les filles elles te trouvent super classe juste parce que t’es « une mec normal » ? Mais bon, du moment que tu regrettes pas…
- Non, ça, je le regrette pas, mais par contre, ce que je regrette vivement, c’est de pas pouvoir lire mon bouquin ! Alors tu vas me faire le plaisir de te trouver une fille à mater et de me laisser tranquille !
- Oh ça va, pas besoin de t’énerver comme ça… Mais n’empêche, elle me dit quelque chose, cette fille. Je suis pas déjà sorti avec elle, non ?
- Jin avec toutes les filles qui ont dû tomber entre tes filets pendant ton séjour au Etats-Unis, est-ce que tu crois encore pouvoir faire preuve de discernement ?
- Hmmm… tu as sans doute raison…

Et, tandis que Jin sortait son IPod, Kame se replongea entre les lignes de Bleu Presque Transparent. Du moins, il essaya, mais finit par faire semblant de lire, les yeux dans le vague. Comment ne la reconnaîtrait-il pas ? Il ne l’avait vu qu’une seule fois dans sa vie, enfin une seule fois en réalité – rencontre qui lui avait d’ailleurs valut un petit séjour en convalescence -, et il avait aussi fait un rêve étrange avec elle, mais va savoir pourquoi, cette fille l’avait marquée. Il y avait chez elle quelque chose d’étrange… elle lui donnait une impression de légèreté, un peu comme s’il se retrouvait dans une bulle entouré d’un son lumineux…
Kame leva soudain la tête, et fronça les sourcils. « Elle est hôtesse de l’air ? » se demanda-t-il. Il regarda autour de lui, se dressant un peu pour apercevoir les autres passagers. A sa droite, quelque rangées plus loin, il y avait une fille. Il se pencha pour mieux l’observer, mais ses yeux ne le trompaient pas : c’était bien la fille du PDG, la petite prodige en volley-ball de Meiji…

- Kame, c’est toi qui me dit d’aller me trouver une fille à mater ? ironisa Jin, victorieux.
- Mais… non ! C’est pas du tout ce que tu crois !
- Ouais, ouais, à d’autres, la phrase stéréotypée…

Et Jin retourna à ses occupations, tandis que Kame se redressait. Il se tourna. Elle était toujours là, avançant lentement.

- Pousse-toi, Jin, faut que je sorte.
- Ah non, si t’as pas de parachute je te le déconseille fortement.
- Allez pousse-toi je te dit !

Kame rejoint les toilettes, mais au lieu d’y entrer, le jeune garçon se dissimula derrière les rideaux qui séparaient deux salles de l’avion. Ce qu’il cherchait en agissant ainsi ? Question sans réponse. Il suivait simplement son instinct, et c’était ce qu’il lui dictait. Juste pour voir à nouveau son sourire, même un peu forcé.

Soudain, il fut violemment projeté en arrière. On l’attrapa par le col et on lui mit la main sur la bouche pour l’empêcher de crier. On le jeta dans le toilettes, sa tête frappant le coin du lavabo et son corps s’écroulant avec un son étouffé. Aveuglé par la douleur, Kame porta la main à son front : il saignait. Il entendit alors le bruit d’un verrou. Affolement total. Mais alors qu’il se jetait brutalement sur la porte, il tressaillit en remarquant qu’un obstacle lui barrait le passage… un silhouette de la même taille que la porte lui barrait de passage.



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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 19:54


Akaito - 赤糸
-
Chapitre 5



Valentine regardait la route. Enfin, on ne pouvait pas réellement parler de « regarder » : à ce stade là, il s’agissait plutôt d’avoir les yeux tournés vers la route, tant la jeune fille paraissait sonnée. Tout son corps était comme engourdi, elle semblait littéralement pétrifiée, et même sa voix s’était figée quelque part dans sa gorge, lui empêchant d’émettre le moindre souffle.

- Ouf, je crois que maintenant on les a assez bien semés ! fit en voix enjouée.

Valentine tourna lentement la tête. A sa gauche, elle distingua une présence… Présence qui, soudainement, augmenta son rythme cardiaque, peignant ainsi ses joues d’un rouge vif et accentuant son air stupéfait.

- Hey, pas besoin de faire cette tête, dit Kame avec un sourire plus que craquant. On dirait que le ciel t’es tombé dessus !

Mais le ciel, justement, lui était tombé dessus. Valentine frissonna tandis que son esprit s’efforçait da faire la part entre ce qui relevait de son imagination la plus poussée et ce qui s’était réellement passé. Des mots isolés s’inscrivaient peu à peu dans sa tête : Shibuya + KAT-TUN + Kame + taxi + fuite. Lentement, tout cela prenait un sens, elle était là, dans un taxi, tout près de Kamenashi Kazuya. Enfin, au contraire, tout cela sortait du sens. « C’est trop bizarre » s’inquiéta Valentine. « C’est n’importe quoi cette histoire, Kame ne ferait jamais un truc pareil ! ». Tout ça était beaucoup trop iréel…

C’est au moment où Kame posa sa main sur celle de Valentine que la jeune fille crut défaillir. Son cœur s’emballa, sa main se mit à trembler… Et elle ressentit à nouveau son corps se couvrir de frissons, puis se glacer. Les mêmes bouffées de chaleur, la même douleur insupportable à la tête… elle sombrait…

- Val-chan ? Val-chan ! Bon sang elle nous refait le même truc que le jour du karaoké !

Valentine sentit soudain qu’elle manquait d’air. Elle inspira avec peine toute l’oxygène qu’elle pouvait, puis porta la main à son cœur, battant toujours à 2000 à l’heure. Suzu s’était garée en double file pour permettre à sa colocataire de récupérer.

- Hey, ça va ? demanda Hikaru en se penchant sur le siège passager. T’as fait un mauvais rêve ?

Un mauvais rêve… « C’était vraiment un rêve, alors ? » se dit Valentine, mi déçue mi soulagée.

- Et ben dis donc… continua Hikaru. L’air de Tokyo te réussi pas trop, on dirait…
- Bon, dans ce cas je vous propose un truc, dit Suzu. On a encore un peu de temps avant que les cours commencent, alors qu’est-ce vous diriez d’aller passer une semaine à Okinawa ?
- Okinawa ?
- Oui, mes parents ont une villa en bord de mer, je pense que ça te ferait du bien avant d’attaquer réellement le boulot. Tu doit être pas mal dépaysée, je crois que ça expliquerai tout. Bon alors, ça vous dit ?
- OUIIIIIII !!!! exultèrent Hikaru et Tomoko.
- C’est vrai que c’est une bonne idée, fit Valentine avec un sourire rayonnant.
- Alors c’est décidé, on va prévenir les autres et on part demain ! Au fait je vous préviens, Hikaru et Tomoko, je ne veux SOUS AUCUN PRETEXTE que vous me rameniez des mecs, c’est comprit ?

Les deux concernées baissèrent les yeux, telles deus petites filles confuses.

- Ça va, on squattera à leur hôtel…
- C’est déjà ça… marmonna Suzu.

Cependant, lorsque les quatre filles sortirent de la voiture, Hikaru passa un bras sous celui de Valentine en prenant bien garde à échapper au regard de Suzu.

- T’inquiètes, chuchota-t-elle avec un air gourmand, dès que Suzu et Taro seront seuls, ils ne feront plus attention à nous. Du coup, on pourra sortir pour se chercher quelque chose à se mettre sous la dent !

Valentine sourit. Décidément, les japonaises étaient plus délurées qu’elle ne le pensait. En fait, elle aurait bien voulut avoir elle aussi un japonais, mais à long terme… De toute façon, rien ne garantissait qu’elle ne trouverait as un gentil tokyoïte comme par hasard en séjour à Okinawa, n’est-ce pas ? Et puis, ça lui changerait un peu les idées, avec ce satané Kame qui hantait ses pensées sans aucune raison. Histoire d’arrêter de se croire dans un drama…

¤ ¤ ¤


- Attends, la porte d’enregistrement c’est où ?
- Mais tu voit bien que c’est là ! C’est marqué !
- Mais non avant j’ai vu que c’était de ce côté !
- C’est vous qui savez pas lire ! Que ce soit en kanji ou en anglais, vous avez pas encore comprit que c’était par là ?
- Toi on t’as rien demandé !
- Mais l’avion va partir !

Taro, Suzu, Akira, Tomoko et Hikaru se disputaient pour essayer de trouver où diable se trouvait ce fameux hall 4. Valentine soupira, amusée.

- C’est pas ici ? fit-elle en montrant le panneau en face d’eux.
- Ah oui… répondirent-ils en chœur.
- C’est une catastrophe !

Les sept jeunes se retournèrent. Un jeune homme en uniforme d’à peu près 25 ans se faisait sermonner parce ce qui semblait être un pilote de ligne.

- Kurosawa, vous venez à peine d’être promu, et vous vous débrouillez de tout faire foirer ! hurlait le commandant en gesticulant et postillonant. Mais c’est pas vrai ! Vous pensez que Japan Airlines acceptera un vol avec seulement 3 hôtesses de l’air, dont vous ? ! Et maintenant, il n’y a plus une seule hôtesse de libre ! Vous pouvez le dire à quoi vous pensiez, Kurosawa ? Hein, vous pouvez me le dire ? Nous n’avons plus qu’à annuler le vol pour Okinawa ! Espèce d’incompétent !

L’homme tourna les talons, toujours fulminant, puis s’apprêtait à rejoindre l’équipage lorsque ses yeux se posèrent sur Valentine et les trois japonaises, qui le fixait d’un air inquiet devant la porte d’enregistrement du vol pour Okinawa. Le regard du commandant s’illumina alors. Quatre filles, ça serait trop, mais trois suffirait amplement… En plus elles étaient jolies, et il y avait même un étrangère dans le lot, ça serait parfait…

- Mesdemoiselles, fit-il en se courbant jusqu’à toucher terre, je me présente, je suis le commandant Saruwatari Akihiko. Mon employé Kurosawa-kun ici présent a commis une grave erreur pouvant entraîner l’annulation de votre vol pour Okinawa. Si vous aviez l’extrême amabilité de nous aider nous vous serions extrêmement reconnaissants ! D’autre part, votre vol pourrait être assuré sans encombres !

Valentine comprit instantanément en voyant le sourire commercial du commandant.

- Ça serait pour quoi ? demanda Tomoko.
- Et bien il vous serait proposé de remplir la fonction d’hôtesses de l’air pendant ce vol uniquement. Ne vous en faite pas pour les consignes de sécurité, les trois autres hôtesses et stewards se chargeront de vous briefer. Cependant, nous n’aurions besoin que de trois d’entre vous, si cela vous semble possible…

Hikaru et Tomoko sautillaient déjà de joie. Valentine sourit en pensant qu’elles devaient s’imaginer pouvoir « partir à la chasse » dans leur uniforme de rêve.

- C’est bon, moi je reste, fit Suzu en s’agrippant à Taro. Valentine, Hikariko et Tomoko vous ferons un plaisir de vous suivre, j’en suis certaine…
- Oh c’est vrai ? s’étonna le commandant. Pardon, vous le feriez vraiment ?
- Moi je suis d’accord, dit Valentine, ça pourrait être une bonne expérience…
- Nous aussiiiii ! s’écrièrent Hikaru et Tomoko.
- Merci infiniment ! dit le commandant en se courbant encore plus que la première fois. Dans ce cas, veuillez suivre Kurosawa-kun, il va vous donner vos uniforme et vous présenter aux autres hôtesses.

Les jeunes filles suivirent le steward en question, qui s’excusa mainte fois de son incompétence, et ce bien qu’elles le rassurèrent que ça leur faisait plaisir. Kurosawa Satoshi, steward prodige de 23 ans, venait d'être promu chef de cabine, mais la pression ambiante avait sans doute beaucoup joué dans cet incident. Il était plutôt mignon, avec son air désolé. Et célibataire, de surcroît. Tomoko avait d'ailleurs l'air particulièrement ravie d'être en compagnie d'un steward si craquant...

Arrivées dans une pièce réservée à l’équipage, elles revêtirent leurs uniformes bleu et blanc qui avaient l’avantage de leur donner un air particulièrement classe. Valentine, du haut de ses nouvelles chaussures à talons, se sentait comme une femme d’affaire importante. Elle faisait un peu plus âgée dans cet accoutrement, l’uniforme et la coiffure lui allaient bien. Pour ce qui est de Hikaru et Tomoko, elles jubilaient carrément. Pour elles, hôtesse de l’air = sexy à mort. « Il faut dire qua sa me change » pensa Valentine, pour une fois satisfaite de son reflet dans le grand miroir. « Ça risque d’être plutôt marrant ! ».
Elles furent alors présentées aus deux autres hôtesses : Hamako et Manami. La première était une mère de famille respectable - mariée à un politicien dont elle avait 2 enfants - en plus d'être une femme avenante et enjouée. Elle avait 43 ans, mais aussi de longues jambes et un sourire rayonnant qui lui volaient 10 ans. Elle était la prototype de ce qu'une japonaise aspire à être : elle était riche et belle comme un mannequin. En deux mots, sa vie était une véritable réussite, autant professionnelle que personnelle. Pourtant, Valentine avait bien sentit qu'il lui manquait quelque chose, à cette femme un peu trop parfaite... Manami se présenta ensuite d'un petite voix timide. A 32 ans, elle semblait relativement mal dans sa peau, loin de l'assurance maîtrisée de sa collègue. Elle était plutôt petite, avait un visage banal et, comble du déshonneur, était encore célibataire à son âge. Mais ce que Valentine percut chez Manami la toucha beaucoup plus que l'outrageuse perfection de Hamako : Manami avait du charme, et un charme naturel, ce que l'autre était loin d'avoir acquis;

Hikaru et Tomoko étaient chargées d’accueillir les passagers, superbe occasion de repérer leurs proies, tandis que Valentine s’occupait des cabines avec Hamako et Manami. Elle commençait à mémoriser où se trouvaient tous les aliments, tous les ustensiles et autres accessoires de confort, et ce rôle d’hôtesse de l’air commençait à lui plaire de plus en plus. Son voyage n’était décidément pas de tout repos…


¤ ¤ ¤


- Hikaru, regarde ! chuchota Tomoko.

Hikaru regarda. Et ce qu’elle vit la mis dans un état d’hystérie dont elle seule avait le secret.

- C’est pas vrai, ce sont eux !!! répondit-elle en essayant de ne pas parler trop fort. Ce sont vraiment eux !!!
- Mais ouiiiiiiii !!!
- Attend cache toi !

Les deux filles se dissimulèrent derrière la porte de l’avion au moment où six garçons passèrent.

- Y a personne pour nous accueillir ? demanda Junno, déçu. Pas drôôôôôle !!!!
- Tu as entendu aussi bien que moi qu’ils avaient eu des problèmes d’effectifs, répondit Nakamaru d’un ton visiblement agacé. Alors c’est normal que pour une fois on se débrouille tous seuls ! T’es plus un gosse, enfin !
- Yuichi, calme-toi, intervint Ueda. Tu connais Junno… Et puis on va à Okinawa en partie pour se détendre, non ? Alors je voudrais le moins d’histoires possibles, les gars, parce que figurez-vous que ça retombe toujours sur le plus âgée, c’est-à-dire moi…
- Tu parles il veut juste se faire bien voir de Johnny, souffla Jin à Kame d’un air moqueur.
- Hein ? Vas-y répète ! reprit Ueda en frappant gentiment Jin.

Et ils s’éloignèrent, toujours en se chamaillant comme des gamins. Au même moment, Hikaru et Tomoko, qui avait tout vu et tout entendu se jetèrent un regard conspiratif.

- Tu penses la même choses que moi, Tomoko?
- Toujours Hikaru…
- Ce séjour promet d’être très intéressant ! firent-elles en chœur, les yeux brillants.




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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 19:49


Akaito - 赤糸
-
Chapitre 4




Kame se réveilla en sursaut. Il regarda son réveil : 7h06. Il était encore tôt, mais son horloge interne avait certainement du lui rappeler ce qu’il avait à faire, aujourd’hui. Il sourit en voyant le ciel d’un bleu éclatant et le soleil qui répandait sa lumière orangée, signe que lui aussi, venait de se lever. Cette journée lui serait sûrement bénéfique… Kame se dirigea vers son armoire, pris ses vêtements les plus simples pour ne pas trop se faire remarquer, puis alla se passer sous une douche. L’eau froide achevant de lui éclaircir les idées, il avait à présent toute l’énergie nécessaire pour atteindre son but.

Il sortit dans la rue, frissonna à cause du froid, puis pressa le pas jusqu’au train. Les 15 minutes que durèrent le trajet lui parurent une éternité… Lorsque enfin, on annonça l’arrêt « Shin-Bashi », son cœur se mit à battre plus vite qu’avant. Il descendit, puis suivit les lignes qu’il avaient tracées sur son plan. Bientôt, il s’arrêta devant le bâtiment qu’il cherchait. Devant lui, se dressait une construction portant le nom de Kishida Group.

- Yosha ! fit-il en serrant le papier dans sa main, comme pour se donner du courage.

Mais, au moment où il s’apprêtait à entrer dans le hall, quelque chose l’arrêta. Il resta figé les yeux dans le vague. Il fit demi-tour, puis s’assis au banc le plus proche en se prenant la tête dans les mains.

- Mais à qui je vais parler, au fait ? murmura-t-il. Je vais pas m’introduire comme ça dans le bâtiment, en disant que je veux voir le PDG pour lui demander le numéro de téléphone de sa fille, qui elle-même était avec une de ses copines au karaoké, copine qui m’a tapé dans l’œil, et que c’est pour ça que je viens le déranger en plein boulot…

En prononçant cela, Kame se rendit compte de l’absurdité de ce qu’il avait imaginé faire. Et il resta ainsi, à réfléchir sur ce banc, à peu près une heure durant. Soudain, quelque chose vibra dans sa poche, le faisant redescendre sur terre.

- Mouais… ? répondit-il d’un air nonchalant.
- Mais enfin t’as zappé la répèt’ ? fit la voix d’Ueda.
- Hein ?
- Mais c’est quoi ce bruit ? T’es dehors ? Tu crois que t’es en congé ? T’avais juste un jour de repos c’est tout ! Là on va commencer à répéter, alors bouge toi de te ramener au studio !
- Humpf…
- Quoi « Humpf » ? Me fait pas ça c’est moi qui prend tout à ta place, là, Johnny te veux ici le plus tôt possible.
- Oui bon ça va, pas besoin de t’én…

Il y eu un blanc. Kame resta la bouche ouverte, la main en l’air et les yeux illuminés par une soudaine découverte.

- Tatsu ?
- Quoi ?
- Dis à Johnny que j’ai trouvé un super truc pour nous…
- Un super truc ? Mais enfin… de quoi tu parles ?
- Dis-lui, c’est tout.

Et il raccrocha. Kame se leva, et couru vers le métro le plus proche. Il savait. A présent, il était persuadé d’avoir trouvé ce qu’il lui fallait. Et il savait comment l’obtenir…

¤ ¤ ¤


- Bon aujourd’hui on va te faire voir Shibuya, ça te dit ? Et puis après on peut organiser un espèce de « Tokyo Tour », on va te montrer un peu de tout !

Valentine regarda Suzu comme si elle était le messie. Un « Tokyo Tour » ! Elle voulait tout découvrir ! Tout les recoins de cette ville au pouvoir étrange, à l’atmosphère coloré et aux parfums de mille saisons, elles voulait les connaître, y prendre ses marques.

- Oui non parce que Shibuya…

Suzu fit un signe de la tête en direction des deux silhouettes trépidantes à côté de Valentine.

- Y A LES FRIIIIIIINGUES !!!!

Hikaru et Tomoko avaient poussé un cri strident à l’unisson, sautillant mains dans les mains et les yeux en étoiles. Ces deux-là étaient folles de le mode, et étaient toujours partant pour une excursion à la recherche de la nouvelle perle rare japonaise ou étrangère.

- Bon arrêtez de vous extasier sur ce que vous allez ou pas acheter, et prenez vos affaires pour qu’on s’en aille ! rectifiqua Suzu.
- Oui et des bottes noires…
- Et puis un nouveau jean…
- Et puis une nouvelle robe…
- Et puis un nouveau sac…
- Et puis un claque, peut-être ?
- Kyaaaa !!! On y va !

Le rêve d’Hikaru et Tomoko se déroulant à présent uniquement dans leur esprit, les quatres filles purent s’en aller.

- Des fois j’ai l’impression d’être leur mère, confia Suzu à Valentine alors qu’elle conduisait jusqu’à Shibuya.
- Je vois ça ! rit l’autre.
- Dis, il y a quelque chose de spécial que tu voudrais voir à Shibuya ?
- Des CDs ! Je veux repartir avec plein de CDs introuvables en France ou sur le net !
- Très bien on va te voir ça tout de suite… Y en a deux qui vont faire la tête derrière, mais on s’en fiche !

Peu de temps après, elles arrivèrent devant un endroit qui avait l’air d’être une immense lieu commerçant, avec à peu près tout ce que l’on pourrait souhaiter : des salons, des bijouteries, des magasins de bonbons de toutes les couleurs, des disquaires de toute sortes, des magasins de vêtements pour tous le styles, et des millions d’autres choses… Et bien sûr des écrans géants et autres publicités s’élevant de au-dessus de la population comme s’ils faisaient partie de la ville elle-même. Valentine en resta blanche.

- Woooow c’est… impressionnant…
- Bienvenue à Shibyua, le coeur du Tokyo de la jeune génération ! dit Suzu d’un air solennel. Et dis-toi que c’est encore plus spectaculaire la nuit… N’est-ce pas, Hikaru, Tomoko ?

Valentine se tourna, mais ne vit aucun signe des deux japonaises.

- Hikaru ? Tomoko ? interrogea Suzu. C’est pas vrai on les a perdues ! Elles sont déjà parties faire les boutiques…
- C’est pas plus mal, rétorqua l’autre, au moins elles pourront aller à deux cents à l’heure pour voir leurs magasins, et nous on peut prendre plus de temps pour voir les choses, qu’est-ce que tu en penses ?
- Oui tu as raison… On les retrouvera plus tard, elles ont leurs portables et on a les nôtres de toute façon.

Sur ces bonnes paroles, elles s’en allèrent éplucher les magasins. Elles firent à peu près un minuscule échantillon de ce que l’on peut trouver à Tokyo, mais cela contentait Valentine bien plus qu’il n’en faut. Elle avait trouvé des CDs de L’arc~en~ciel, de miyavi et d’autres artistes qu’elle aimait, et s’en était reparties avec un superbe album photo de Hyde qu’elle pourrait admirer autant qu’elle le désirait. Elle était aux anges ! Puis, alors qu’elles s’apprêtaient à entamer une nouvelle course quand le portable de Suzu retentit dans la boutique où les deux filles se trouvaient.

- Allô ?
- Allô Suzu ? C’est Hikaru. Tomoko et moi on est à la place Hachiko, et là tu vois y a un truc que Valentine et toi devraient voir je pense…Par ce que tu vois…

Il y eu un moment où Valentine resta seule à contempler l’intérieur du magasin, attendant la fin de la conversation d’Hikaru et Suzu. Visiblement, c’était important, car seule Hikaru parlait, et Suzu affichait un visage sérieux, avec cependant une lueur indescriptible dans le regard. Valentine s’inquiétait un peu… Etait-il arrivé quelque chose de grave ?

- Ok, ok, on arrive ! Bon on bouge d’ici, je t’emmène autre part, fit soudainement Suzu.
- On va où ? demanda-t-elle.

La japonaise esquissa un sourire.

- Tu verras !

¤ ¤ ¤


Arrivées à l’endroit où Hikaru, Tomoko et Suzu s’étaient visiblement données rendez-vous, Valentine commença à se sentir anxieuse. Elle regarda autour d’elle d’un air un peu effrayé : elle voyait certaines personnes qui courait, d’autres qui parlaient très vite avec un regard brillant. Elle ne comprenait pas tout se qui se disait, ce qui la plongeait dans un état d’ignorance qu’elle détestait. A ce moment, Suzu la tira par la manche et l’entraîna dans la même direction que la foule. Peu à peu, Valentine semblait distinguer le son d’une musique… Ce son s’amplifiait au fur et à mesure que les quatre filles avançaient et, bientôt, la jeune française commença à comprendre ce qui se passait : un centre de la place du chien Hachiko, se déroulait un concert des KAT-TUN.

Valentine sentit comme un électrochoc. De loin, elle avait aperçu Kame, et c’était tout ce qui lui importait. Une nouvelle fois, le monde autour d’elle avait disparu… Elle essaya de s’approcher de la scène malgré la foule d’adolescentes en furie qui hurlaient à s’en casser la voix. Kame était là, plus charmeur que jamais, avec son expression à la fois concentrée et amusée. Puis, soudainement, le corps de la jeune fille fut parcouru de frissons qui la glacèrent littéralement sur place…
Kame avait levé la tête, Kame l’avait vue… et Kame s’était figé. Il ne dansait plus, ne chantait plus, il fixait simplement Valentine d’un air pénétrant. Les cinq autres garçons semblaient embêtés, mais Kame s’en fichait…et il sourit. Ce sourire qui égayait sa petit frimousse et que Valentine aimait tant, ce sourire qu’elle avait tant des fois admiré devant son écran et qui maintenant semblait s’adressait à elle… C’était à présent une chaleur intense qui l’avait envahie, et un seule chose l’obsédait : Kame. Soudain, le jeune artiste s’avança au devant de la scène, puis sauta à terre. La musique s’arrêta tandis qu’il tentait de se frayer un chemin à travers la foule qui l’oppressait de plus en plus. Tout le staff se lança à sa poursuite, mais il continuait… il voulait atteindre son but, à tout prix. C’était la seule idée qui subsistait dans son esprit… Avec peine, il atteignit Valentine, toujours pétrifiée.

- Tu es là… souffla-t-il avec un sourire. C’est pas trop tôt…

Il prit alors la jeune fille par la manche et l’entraîna de force hors du public. Les fans hurlaient, essayaient d’ensevelir Kame sous leurs cris, mais il tenait bon, et il réussit enfin à se sortir de ce troupeau, une Valentine stupéfaite à la main. La lâchant quelques secondes, il se jeta devant un taxi pour l’arrêter, puis poussa Valentine à l’intérieur du véhicule, s’engouffrant à sa suite.

Cinq secondes plus tard, sous des regards ahuris, le taxi démarra...



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13 juin 2008 5 13 /06 /juin /2008 19:44



Akaito - 赤糸
-
Chapitre 3




Valentine ouvrit les yeux avec peine. Elle était en complète léthargie, et son corps était si engourdi qu’elle avait l’impression d’avoir fait une chute de plusieurs mètres. Peu à peu, elle observa ce qui l’entourait dans cette espace illuminé par le soleil matinal. Elle se trouvait dans une pièce claire, tout blanche, allongée dans un lit à côté duquel se trouvait une table de nuit. Son sac y avait été déposé. Plus loin, elle remarqua une seconde table, mais plus grande cette fois, entourée de deux chaises dont l’une était occupée. La jeune fille plissa les yeux. La personne en question se fondait dans l’ombre, il était difficile de la distinguer. Mais les yeux de Valentine s’habituaient doucement, elle put ensuite l’identifier : Makoto se tenait là, face à elle, le regard lointain.

- Tu… tu… qu’est-ce que je fais ici ? On est où là ? demanda-t-elle.

Makoto leva les yeux vers elle l’espace d’une seconde, l’air tout aussi morose. Il détourna son regard en direction de la porte, puis soupira.

- Ils sont où les autr…
- Tu ferais mieux de te reposer.

Valentine en resta stupéfaite. C’était la première fois, lui semblait-elle, qu’elle entendait la voix du jeune japonais. Celle-ci était grave et douce, elle avait même quelque chose de rassurant, mais ce n’était pas suffisant pour effacer ce ton sec et cassant qui irrita profondément la jeune fille.

- Pardon ?
- J’ai dit que tu ferais mieux de te reposer, répéta-t-il. T’étais dans un sale état, tu vas retomber dans les pommes si tu fais pas attention.
- Dans les pommes ?

Elle essaya de se rappeler. Déjà, une chose était sûre, elle était au Japon. Suzu, sa colocataire, lui avait présenté ses amis avec qui elle était allée au restaurant puis au karaoké. Là-bas, pendant qu’elle chantait, un jeune homme était apparut dans le seul but de lui faire des remarques désobligeants. Oui, mais… qui ? Valentine se força. C’était un peu irréaliste : la seule image qui lui venait à l’esprit était celle d’Akanishi Jin, l’idiot des KAT-TUN. Qu’importe… Il lui semblait qu’elle l’avait d’ailleurs gentiment remis à sa place, à la suite de quoi il avait voulu la frapper. Et là… Non, quand même pas… non, non c’était impossible ! Kame n’était pas arrivé juste à ce moment-là, c’était totalement inconcevable !
Sur le visage de Valentine, se dessina alors une expression d’horreur. Non seulement oui, Kame était bien celui qui l’avait défendue, mais en plus de cela, elle s’était évanouie. Non, pas devant lui… Elle n’avait pas tout fait rater… Pourtant, elle se souvenait d’avoir eu un mal de tête fulgurant, si intense qu’elle n’avait pas pu y résister et était tombée instantanément dans un état d’inconscience. Décidément, c’était toujours au moments les plus cruciaux qu’elle perdait pieds. Quel mauvais timing…

- Tu veux vraiment tomber gravement malade ?
- …
- Tu fais des têtes bizarres, ça veut dire que tu réfléchis. Et réfléchir, ça fatigue.
- Si tu me disait au moins ce que je fais ici et où sont les autres, peut-être que je pourrais arrêter de m’inquiéter.

Makoto soupira à nouveau, levant les yeux au ciel.

- Hier soir, t’es tombée dans les pommes quand l’autre type t’as parlé. Comme tu te réveillais pas, on t’a emmenée à l’hôpital. Là, y a Suzu et Taro qui sont partis chez elle chercher des vêtements pour toi, Hikaru et Akira sont allés acheter à manger et Tomoko est rentrée parce qu’aujourd’hui, elle bosse.
- Ah… euh… merci…

C’était bien ça, sa mémoire ne défaillait pas. Mais elle esquissa néanmoins un sourire : Kame l’avait protégée, même si ce n’était que pour empêcher Jin de faire une bêtise. Et ça, c’était suffisant pour la rendre heureuse.

- Arrête de penser à lui.
- Quoi ? fit Valentine, à nouveau tirée de ses pensées.
- Je t’ai dit d’arrêter de penser à lui ! s’écria Makoto en se levant de sa chaise. Ce type, celui du karaoké, tu l’auras jamais, c’est pas la peine de t’imaginer des trucs juste parce qu’il t’a défendue !

La jeune fille allait de surprise en surprise. Non seulement c’était la première fois que Makoto lui adressait la parole, mais en plus c’était pour lui débiter des remarques venimeuses. Et comme si ça ne suffisait pas, il lui faisait la morale…

- Attends, pour qui tu te prends ? répliqua Valentine, de plus en plus exaspérée. Tu crois que tu peux envoyer des pics comme ça aux gens sans les connaître ? Moi je suis pas ici pour créer des problèmes, alors j’aimerais s’il te plaît que tu arrêtes de faire comme si tu avais un quelconque pouvoir sur moi ! J’ai pas de comptes à te rendre !
- Pffffff… fit l’autre en guise de réponse.

Il sortit alors de la chambre, grommelant des « Les femmes, ça comprend rien à rien… ». Au même moment, Hikaru et Akira revinrent, leurs achats en main. Ils regardèrent Makoto s’éloigner, leur visage exprimant une incompréhension totale. Il se tournèrent ensuite Valentine :

- Tu vas mieux ? demande Hikaru.
- Oui, oui, ça va. Ma tête ne me fais plus du tout mal. Je suis vraiment désolée de vous avoir gâché la soirée ! s’excusa-t-elle, visiblement navrée.
- Ne t’inquiètes pas pour ça ! assura Akira. C’est pas le genre de choses qui se commande… Mais au fait, il s’est passé quelque chose, avec Makoto ? Il avait l’air furieux…

Confuse, Valentine baissa les yeux.

- En fait, il a commencé à me faire la morale, il était assez désagréable, alors je lui ai dit de me laisser tranquille, mais j’ai été un peu sèche je crois…

Le frère et la sœur échangèrent un regard. Il s’assirent alors chacun sur une chaise qu’ils avaient placées près du lit de Valentine, le regard sombre.

- Bon on va t’expliquer, je pense que de toute façon tu le sauras un jour où l’autre, alors il vaut mieux qu’on te prévienne maintenant, dit Hikaru. En fait, Makoto n’a pas toujours été comme ça. On se connaît tous depuis le collège, tu vois, alors je peux t’affirmer qu’il a énormément changé. Avant, c’était quelqu’un d’enjoué, plein de vie, il était toujours là à nous dire des choses pour nous remonter le moral si on n’allait pas bien. D’ailleurs, je ne crois pas l’avoir jamais vu résigné ou à la merci de ses émotions. Il ne baissait jamais les bras, à tel point que son optimisme et sa détermination nous laissait tous admiratifs.

- Et un jour, lorsque nous étions en deuxième année de lycée, continua Akira, Sakura est apparue. Elle avait un an de moins que nous, et elle venait d’être transférée dans notre école. Elle était belle, intelligente et pleine de charme, si bien qu’elle fût bientôt LA fille dont tous les garçon étaient amoureux. Mais Makoto s’en fichait, il vivait sa vie sans se soucier du reste. Un soir, alors qu’il rentrait chez lui, il a entendu une fille qui criait au secours… C’était Sakura, trois types l’entouraient et essayaient visiblement de l’attirer dans un coin plus sombre. Makoto, qui est ceinture noire de karaté, n’a pas hésité une seule seconde : il a posé son sac et s’est rué sur les trois gars, les mettant tous à terre. Comme à son habitude, il a fait le gentil et a raccompagné Sakura chez elle pour la rassurer. Le problème, c’est que depuis ce jour, Sakura est tombée amoureuse de Makoto. Lui, il ne voulait pas la blesser, mais essayait quand même de lui faire comprendre qu’elle ne l’intéressait pas. Mais elle s’accrochait, elle faisait de son mieux pour qu’il l’aime à son tour.

- Au bout d’un moment, reprit Hikaru, Makoto en a eu assez. Il lui a donné rendez-vous au gymnase, un soir, pour lui parler. Sakura, comme toute fille normalement constituée, s’est imaginé des choses… Et lorsque Makoto lui a dit clairement ce qu’il ressentait pour elle, c’est-à-dire rien, elle est partie en pleurant. Et, le lendemain, tout le lycée apprenait son suicide. Makoto est resté enfermé des jours et des jours chez lui. Lorsqu’il a réapparut, ce n’était plus la même personne : il avait perdu toute joie de vivre, tellement il était rongé par la culpabilité. Il s’est alors fait la promesse d’effacer toute trace d’émotions chez lui, et de ne plus approcher une seule fille de toute sa vie. Je peux te garantir que, depuis lors, il n’a jamais faillit à sa parole.

Valentine était complètement sonnée. Alors c’était ça, la raison du renfermement excessif de Makoto ? Elle comprenait mieux, à présent : en revoyant la scène d’hier, il a avait dû se souvenir de Sakura, et donc de son propre passé. Voilà pourquoi il s’était emporté…

- Aaaaaah heureusement que vous êtes là j’ai une faim de loup !

Taro passa la porte en compagnie de Suzu.

- Oh mais c’est qu’elle est réveillée ! s’écria Suzu. Tant mieux on va pouvoir bientôt partir. Tiens, je t’ai apporté des vêtements à moi, tu peux les mettre.
- Merci beaucoup ! répondit Valentine. Vous êtes tous géniaux !
- Oui, oui, on sait…
- TARO-CHAN !
- Je vous présente mes humbles excuses, Suzu-sama !

Des éclats de rires retentirent, et la bonne humeur réapparut enfin dans la pièce.

- Bon c’est pas tout, ça, mais on va devoir y aller, dit Suzu. Au fait, Val, Tu as juste fait une grosse baisse de tension, qui en plus était accentuée par le fait que tu n’avait pas beaucoup dormi, je crois… En tout cas, le médecin a dit que ce n’était pas grave. Il va passer te voir, et après on pourra partir. Mais je me demande quand même comment va Kame… Vu que les autres l’ont emmené chez lui…
- Kame ? interrogea Valentine. Comment ça ?
- Et bien déjà je sais pas si tu t’es rendu compte mais tu es tombée dans les pommes alors que Kamenashi Kazuya était devant toi… Mais le truc c’est que lui aussi a dû faire une sacré baisse de tension, parce qu’il s’est évanoui en même temps que toi. C’est fou ça, vous étiez synchros, vous avez touché le sol pile au même moment, et la position de vos corps était quasiment symétrique… On aurait dit un phénomène paranormal !


¤ ¤ ¤


- Iiiiiil est deeees nôôôôôô-ô-treuh !

- La ferme les gars ! Je vient à peine de me réveiller, vous voulez ma mort ou quoi ?

Kame regarda autour de lui, et vit les 5 membres de son groupe lui faire un énorme sourire. Mais pourquoi étaient-ils tous dans sa chambre ? Avant même qu’il ait pu trouver une réponse, Koki se jeta sur son lit.

- Yo mon frère tu nous a fait sacrément peur hier soir ! On a cru que tu partais dans un autre dimension !
- Hier soir ?
- Oui tu te souviens pas ? hurla Junno comme à son habitude. Quand on était au karaoké Jin avait bu un coup de trop alors il a commencé à insulter une pauvre petite européenne qui s’amusait avec ses potes, mais elle l’a envoyé balader c’était ma-gni-fi-que ! Mais du coup il a voulu la frapper et toi tu l’a retenu t’as demandé si la fille allait bien et puis t’es tombé dans les pommes alors un moment on a cru que tu faisais exprès parce qu’elle et toi vous êtes tombés dans la même position on aurait troooop dit un film !
- Eeeeeh ? s’exclama Kame.

Il réfléchit un instant. Oui, la mémoire lui revenait… Cette fille… Il avait ressentit quelque chose d’étrange lorsqu’il l’avait vue. Il n’aurait pas su exactement dire quoi, mais cela ressemblait à un électrochoc amorti. En fait, c’est comme si on l’avait tout d’abord assommé avec une enclume de plusieurs centaines de kilos avant de l’enveloppé dans du coton parfumé. Dans son sommeil, il avait eu l’impression de flotter… C’était une sensation agréable, proche de celle du chant des oiseaux qu’il entendait dans son enfance.

- Hey, Jin, t’a vu il sourit… chuchota Koki. Je crois qu’elle lui a plu, la demoiselle, alors t’auras pas trop à t’excuser…
- Qu’est-ce que tu dis ? demande Kame.
- Oh mais rien, voyons… fit l’autre d’un air narquois.
- Dis, Kame, intervint Jin, confus. Je... je suis vraiment désolé pour hier… je… ça se reproduira plus… je vais arrêter de boire… au moins diminuer…
- Bah arrête tes bêtises, on est pas amis pour rien, non ? De toute façon, je suis sûr que Koki va vouloir t’entraîner à tenir l’alcool… Ou sinon va voir Junno, il est déjà bourré naturellement.
- Ah ah ah ah !

Ueda, Nakamaru, Jin, Koki et Kame se regardèrent avec complicité, puis eclatèrent de rire. Junno était toujours de bonne humeur, sautillant à droite à gauche comme un enfant surexcité, et comme si ce n'était pas suffisant il riait de lui plus que les autres eux-mêmes. Mais c’était tout ce qui faisait son charme…

- Bon euh… sinon… reprit Kame. La fille… vous savez comment elle va ?

Il avait dit ça d’un petite voix timide, en baissant la tête et en triturant un pan de sa couette. Ce fut alors à son tour d’être exclut du regard que les cinq autres échangèrent.

- Mouahaha je vous avez dit qu’elle lui avait fait de l’effet ! taquina Koki. Elle était craquaaaaante, non ?
- Mais… mais non ! réplique Kame, les joues virant soudainement à l’écarlate. Je veux juste savoir comment elle va !
- Mouais tu parles…
- Quoiqu’il en soit, coupa Nakamaru, les amis de la fille l’ont emmenée à l’hôpital. Elle a du avoir la même chose que toi, une simple baisse de tension, y a pas d’inquiétude à avoir.
- Ah… ok… et à part ça, vous savez pas comment elle s’appelle ?

Un énorme sourire apparut alors sur le visage des cinq autres garçons.

- Elle lui plaît pas du tout, noooon ! fit Junno avec un sourire moqueur. Mais bon tu ferais mieux de l’oublier, tu as à peu près une chance sur 30 millions de retomber sur elle…
- ...Ouais... tu as sans doute raison, pour une fois… consentit Kame d’un air triste.
- Bon, c’est pas tout, ça, déclara Ueda d’un voix ferme, mais nous on doit retourner au studio. On a prévenu les boss, tu peux rester chez toi aujourd’hui, alors repose toi, ok ?

Kame acquiesça. Ce n’était pas plus mal, il avait plutôt envie d’être seul. Il attendit un moment après que les membres de son groupe soient sortis, afin d’être sûr qu’ils ne reviendraient pas, puis il se rua sur son ordinateur.
S’il avait peu de chances de retrouver l’européenne, alors il retrouverait sa copine, et ça le conduirait forcément à celle qu’il cherchait. Il n’avait aucune intention de laisser tomber. En tout cas, pas avant d’avoir tout fait pour la revoir, pour lui parler, pour la regarder, pour la caresser…
Kame sursauta. Non, ce n’était pas là qu’il fallait chercher. La copine en question, il était maintenant sûr de l’avoir vue en photo quelque part. Il rassembla tous les journaux et magazines de sa maison et commença à chercher.
Et il chercha… il chercha des heures durant pour passer au peigne fin chacun des innombrables quotidiens et mensuels qui envahissaient son salon. Il regarda l’horloge suspendue au dessus de son frigo : 22h48. Il était exténué, sa recherche l’avait vidé du peu de forces qui lui restait. Ses paupières se fermaient toutes seules, comme lorsqu’il était enfant… Mais, soudain, son cœur fit un bond

- J’ai trouvé ! exulta-t-il. Maintenant, je saurais où chercher…

Apaisé, Kame emmena le magazine dans sa chambre et le posa à côté de son lit. Demain, il irait là, demain il demanderait à voir la copine, demain il trouverait la fille du karaoké…

De la fenêtre fermée filtrait un fin rayon de lune. Mais c’était suffisant à des yeux habitués à l’obscurité pour pouvoir lire :

« Jolies championnes »

«L’équipe de Volley-ball féminin de l’Université Meiji, les Hana, a encore frappé. C’était une victoire durement gagnée en demi-finale face aux Pink Princess de Yoko Ito qui les fait rentrer à jamais dans l’histoire du sport universitaire. Un match absolument superbe, que l’on doit notamment à Matsunaka Izumi, la chef d’équipe en quatrième année, mais également à la toute jeune Kishida Suzu, en première année, et fille du président de la compagnie d’import-export Kishida Katsuo… »

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9 juin 2008 1 09 /06 /juin /2008 14:39




Akaito - 赤糸
-
Chapitre 2




"Machi ni ai no uta nagare hajimetara
Hitobito wa yorisoiauuuuuuuu !
Kagayaki no naka e boku wa kimi wo kitto
Tsurete itte miseru yoooooooooo !"

Sans la vidéo, impossible de reconnaître Wish, de Arashi. Autour de Tomoko, les cinq autres grimacèrent. Effectivement, elle chantait extrêmement mal… et incroyablement faux. Une véritable torture auditive ! Mais en voyant combien la jeune fille s’amusait, Valentine se dit que finalement, si elle était heureuse ainsi, c’était l’essentiel.

Valentine était passée rapidement à l’appartement de Suzu, au douzième étage d’un immeuble en plein Shinjuku. Visiblement, la famille de celle-ci était aisée. D’ailleurs, tout chez elle était haut de gamme : la cuisine américaine, le canapé en cuir rouge, la télé surdimensionnée, l’ordinateur dernier cri, la chaîne hi-fi en vogue… Même le kotatsu devait valoir un petit pactole. Bref, tout, absolument tout chez Suzu était high tech. Valentine en fût totalement impressionnée. Pourtant, sa colocataire ne semblait pas trouver cela extraordinaire.

- Tu sais, c’est normal d’avoir tout ça. Enfin, je sais pas trop, j’ai toujours vécu dans ce genre d’environnement. Mais bon, je sais que si je veux continuer à garder un style de vie confortable, je devrais travailler très dur pour pouvoir vivre par moi-même.

« Au moins, elle en a conscience... » se dit Valentine.
Après cela, le groupe était allé faire un tour dans le fameux resto, qui n’était en fait pas aussi luxueux que Valentine l’aurait pensé, à la vue de l’appartement de Suzu. C’était un petit restaurant accueillant, avec une ambiance à la fois animée et paisible. On y mangeait bien, et pour pas très cher, en plus. « Tant mieux », se dit Valentine « Mon porte-monnaie en sera ravi ! ». Ce fut également l’occasion pour elle de faire connaissance avec Hikaru, Tomoko, Akira et Taro, avec qui elle semblait avoir un bon feeling. Seule la voix de Makoto n’était pas encore parvenue aux oreilles de Valentine, ce qui l’intriguait de plus en plus. Le garçon avait mangé en silence, et les autres ne semblait pas lui prêter plus d’attention que ça. « Tu va pas te créer des soucis dès ton premier jour, non ? » pensa la française. « Oublie ça et amuse toi. »

Ils étaient tous à présent en train de jouer aux idoles dans le karaoké du coin. Suzu s’était lancée la première avec une chanson : Niji, de L'Arc~en~Ciel, que Valentine aimait beaucoup. Akira s’était alors lancé dans une pâle imitation de miyavi avec Neo Visualizsm, mais la il se débrouillait très bien pour la chorégraphie. Maintenant que Tomoko en avait fini avec sa prestation, les autres poussèrent la petite nouvelle au devant de la scène.

- Je vais te choisir une chanson ! s’écria Hikaru, toute contente. Je sais pas comment tu vas faire, mais tu vas te débrouiller pour nous la chanter ! Hé hé !
- Mais je… et si je la connais pas ? répondit Valentine, affolée.
- Tu te débrouilles ! firent les autres, en chœur.

Elle attendit quelque secondes, puis des images apparurent sur l’écran de la télévision. Des images qui laissèrent la jeune fille de marbre : face à elle, défilait une vidéo de Kamenashi Kazuya.

- La chanson c’est Kizuna, reprit Suzu, c’est de Kamenashi Kazuya, un des membres du groupe KAT-TUN. Tu as dû en entendre parler : ils sortent de la firme Johnny’s une véritable usine. En plus, c’est l’OST de Gokusen, un drama vachement connu, ici.

- Oui oui, je connais… Ne vous inquiétez pas, je devrai m’en sortir, dit Valentine avec un clin d’œil. C’est partiiiiiii !!!

"Ippo zutsu de iisa kono te wo hanasazuni
tomo ni ayunda hibi ga iki tsuzukeru kara
boroboro ni narumade hikisakarete itemo
ano toki no ano basho kienai kono kizunaaaaaa…"


- Hey c’est pas mal du tout ! fit Tomoko, étonnée.
- Pas mal, tu dis ? questionna une voix inconnue.

Les cinq japonais regardèrent du côté de la porte, où se trouvait quelqu’un dont le visage leur était familier. Dans l’encadrement de la porte, se tenait Akanishi Jin.

- C’est vraiment médiocre, reprit-il à l’attention de Valentine. Tu devrais abandonner la chanson, même en simple amateur.

Celle-ci, qui venait de se tourner, eu un frisson d’horreur. D’accord, Jin était une idole, mais elle le détestait quand même.

- Excuse-moi, mais je crois que tu ne devrais pas parler si vite, répondit-elle d’un ton acide. La seule mention de ta présence dans un drama suffit à établir un label de mauvaise qualité. Tu devrais abandonner la comédie, surtout au niveau professionnel...
- QUOI ?

Jin s’avança vers elle d’un pas furieux, les yeux sortant de ses orbites. Hors de lui, il leva le poing et s’apprêtait à frapper Valentine lorsque qu’une main l’arrêta.

- JIN ! Non mais pour qui tu te prends ? On est là pour s’amuser, et toi tu fous tout en l’air ! Je suis vraiment désolé, il a trop bu. Mais en même temps c’est pas trop sa faute, d’habitude il est tout gentil mais dès que l’alcool lui monte à la tête, il deviens agressif. Il n’a rien cassé ? Il ne t’a pas fait mal au moins ? Ça va, tu te sens bien ? Oula tu devrais t’asseoir t’as l’air toute pâle…

En effet, Valentine était livide. Et pour cause : sous son regard stupéfait, venait d’apparaître Kamenashi Kazuya. Elle en était resté complètement figée. Autour d’elle, le monde avait intégralement été dissout. Il n’y avait plus que Kame, Kame, Kame… La jeune fille eut alors un sursaut de frisson, puis son corps se glaça. Paradoxalement, elle sentit une chaleur lui monter à la tête, qui lui fit brusquement mal. Un horrible douleur l’écrasa, un douleur si ardente qu’elle en tomba, prise de convulsions. Quelque chose se passait dans sa tête, on lui arrachait les nerfs… La douleur s’intensifiait, elle augmentait à chaque instant, sa tête allait exploser, elle avait de plus en plus mal, elle ne respirait plus, elle voulait que ça s’arrête… Et puis soudain, tout s’arrêta. Valentine, inerte, gisait sur le sol.





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9 juin 2008 1 09 /06 /juin /2008 14:10



Akaito - 赤糸
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Chapitre 1





- Non mais c’est pas vrai !

Valentine regarda l’heure, affolée. 11h13. Elle n’avait pas entendu le réveil… Bah, ça devait bien lui arriver un jour ou l’autre, vu le rythme de sommeil de la jeune fille : insomniaque, elle allait se coucher vers des heures inimaginables et se levait parfois en ayant dormi à peine 3 ou 4 heures. Toute personne normalement constituée ne tiendrait pas, mais Valentine s’en fichait pas mal. De toute façon, tant qu'elle pouvait tranquillement s'adonner à ses passions, plus rien n'importait.
Mais là, ça faisait quand même trois fois dans la semaine… à croire que son corps se rebellait. Ces jours-ci, lorsque la sonnerie du réveil retentissait dans son appartement, son esprit s’enfuyait sous le coton moelleux de la couette, ignorant royalement le pauvre réveil qui continuait à hurler dans le vide avant de se révéler aphone.
Valentine soupira, puis enfouit sa tête sous l’oreiller.

- De toute façon, là j’ai, plus le temps, grommela-t-elle.

Le temps de prendre le bus, le métro et de passer par le labyrinthe de rues jusqu’à la fac, ce serait déjà la pause déjeuner. Alors, autant prendre son temps et arriver pour les TDs de 15h...
Surmontant sa paresse et affrontant vaillamment le froid ambiant, Valentine se força néanmoins à se lever. Telle un zombie, elle se dirigea vers la salle de bain en se frottant les yeux. Elle prit sa brosse à dents, entreprit d’y étaler le dentifrice, se l’étala sur la main, et recommença en visant bien, cette fois. Elle débuta alors sa toilette matinale, mais fut interrompue par Super Mario.

- Tu tu tu tutu tu tu rutututu tururutu !

Saleté de portable, va. Il n’aurait pas pu sonner plus tôt, par hasard ? Non, c’est toujours quand c’est trop tard que ce genre de chose arrive.

- Gnouiiii ? décrocha Valentine.

La voix d’Isabelle, de l’autre côté, acheva de la réveiller.

- Valouuuuuu !!! Mais qu’est-ce que tu fouuuuuus ??? Me dis pas que tu te réveille à peine hein non c’est pas vrai hein me dit pas ça toi l’insomniaque de service tu va pas me faire un coup pareil juste aujourd’hui nooooon !!!
- Bonjour Isa ! Mais je vais très bien, et toi ?
- Allez rigole pas ça urge là je sais pas si tu te rend compte mais c’est carrément vachement trop presséééé ! Bon qu’est-ce que tu fais ?
- Ben tu vois, là tout de suite, je te parle.
- VALENTINE ! s’énerva Isabelle. C’est une alerte rouge complète !
- Bon ça va je t’écoutes, consentit l’autre.
- Alors ma petite écoutes moi bien : tu vas te bouger, tu vas te préparer en vitesse TGC, et tu vas te ramener à la fac dans les 10 minutes qui suivent ! Got it ?
- Oui, bien sûr, je vais tout de suite prévenir le commandant de mon boeing 727.
- Raaah mais je sais pas moi tu peux être là dans combien de temps ?
- Hmmm… Mettons, si je fais vite, dans une heure à peu pr…
- Non ! Sois là dans une demie heure maxi.
- Et je fais comment à ton avis ? C’est « géographiquement impossible ».
- Je m’en fous. Téléporte toi.
- Evident. Comment n’y ai-je pas pensé avant ? Au fait, pourquoi tu veux que je me speed autant ?
- Héééééééé…

Valentine pouvait parfaitement imaginer l’expression jubilatoire se dessiner sur le visage de son amie.

- Dis-moi Valou, tu veux toujours aller étudier au Japon, n’est-ce pas ? dit-elle d’un voix doucereuse.

A cet instant, la jeune fille blanchit. Elle pensait avoir compris, mais cela lui semblait si irréaliste qu’elle osait à peine y croire. Ses forces l’avaient quittées, son esprit s’était vidé de toute pensée. Incapable de prononcer un mot, elle restait immobile, la respiration coupée.

- Valou ? s’inquiéta Isabelle. Valou ? t’es toujours là ?
- Ah… Oui oui… répondit l’autre, à demi sortie de sa torpeur.
- Bon, je vois que ça t’es enfin arrivé au cerveau… Les inscriptions pour un échange universitaire avec un tokyoïte se font aujourd’hui jusqu’à 12h. Enfin, ce sont les inscriptions avant la sélection. Donc, si ton dossier est retenu, tu passeras un entretien, et les trois meilleurs pourront partir dès le mois prochain, et ce pendant un an. En plus, le premier obtiendra une bourse complète… Ton rêve tout frais payé, ça serai pas beau ?

Silence.

- Valentine ?

A l’autre bout du fil, Isabelle entendit une porte claquer. « Elle s’est changée, au moins ? » pensa-t-elle, amusée.

¤ ¤ ¤



Valentine pouffa de rire. Dès qu’elle eût montré son passeport, elle s’était dirigée vers l’arrival en provenance de l’étranger de l’aéroport Narita, à 60km de Tokyo environ. Et là, elle venait de tomber nez à nez avec une grande pancarte qui indiquait « Valentine ». C’était Suzu, sa correspondante, avec qui elle avait échangé quelques mails avant de débarquer chez elle. Toute deux s’étaient d’ailleurs immédiatement bien entendues, et attendaient ce jour avec impatience. Elles s’était également envoyé un photo, pour que chacune puisse reconnaître l’autre, mais Valentine n’avait trouvé qu’un cliché d’elle à 15 ans, alors qu’elle en avait 18. Elle développait une extrême aversion pour les photos où l’on pouvait la voir, et elle avait donc décidé d’envoyer celle-là plutôt que d’en prendre une autre. Suzu avait dû vouloir assurer le coup, vu qu’elle n’était pas certaine de la reconnaître.

- Suzu-chan ! s’écria Valentine en agitant les bras.
- Ah, Val !

A la vue des énormes valises que tiraient sa future colocataire, Suzu accourut.

- Mais qu’est-ce que c'est que tout ça ? s’étonna-t-elle. C’est pas vrai on dirait que tu a emmené toute ton armoire !
- Euh… en fait…ce n’est que la moitié, ma mère va m’envoyer le reste par colis express…
- Et ben ça promet ! dit l’autre moitié sérieuse, moitié amusée. Bon j’espère que tu as fait bon voyage, au moins !
- Oh oui ! Mais trop long à mon goût.

Elles se dirigèrent alors vers un petit groupe constitué de 2 filles et 3 garçons. Les filles paraissaient aussi délurées que Suzu, affichant toutes deux un sourire immense à Valentine. Elles étaient super classes, habillées à la dernière mode japonaise : un long manteau blanc pour l’une et une petite cape rouge pour l’autre. Les garçons paraissaient plus désinvoltes, quoique l’un d’entre eux ressemblait étrangement à la fille à la cape, il avait exactement le même sourire. Le deuxième ne semblait pas très à l’aise, ou pour tout dire complètement ailleurs : son visage montrait clairement que quelque chose le fâchait. Pourtant, il était très beau, et très grand pour un japonais, c’était dommage de gâcher ça… Le dernier avait un regard plus animé, et tenait maintenant la pancarte « Valentine », mais il se dépêcha de la rendre à Suzu afin d’aider la française à porter ses bagages.

- Alors je vais te présenter tout le monde. Déjà, ils apprenent tous le français avec moi à la fac... Le type super galant, là, dit-elle en désignant le garçon qui venait de lui donner la pancarte, c’est Taro, mon copain. Je t’en ai sûrement parlé…il est beau, hein ? Mais il est à moi !

Elle continua ensuite en montrant les deux filles. Elles étaient les meilleurs amies de Suzu, Tomoko pour la fille au manteau et Hikaru pour la petite à la cape. Son air de ressemblance avec l’un des garçon était d’ailleurs justifié : Akira était son frère jumeau. Quant à celui à l’air maussade, Suzu ne s’y attarda pas longtemps, mentionnant simplement le nom de Makoto.

- Bon alors on va faire comme ça, reprit-elle. On va passer à la maison laisser tes affaires, et on va t’emmener à notre resto préféré. Après, on a prévu un petit karaoké, mais si tu te sens trop fatiguée, on peu aussi bien faire un okonomiyaki à la maison…
- Non, non, le resto et le karaoké, ça me va très bien ! Mais j’espère que vous avez de quoi vous boucher les oreilles : je chante extrêmement faux !
- Ah ! s’exclama Hikaru. Toute personne qui a entendu chanter Tomoko peut se prendre pour une Utahime… enfin… A côté de Tomoko, même un mangouste chanterai plus juste !
- Hey ! Non mais pour qui tu te prends, Hikaru ?! s’énerva gentiment la principale concernée. Tu t’es déjà vu danser, espèce d’idiote ? Viens un peu ici !
- Bleaaaaaaaah !!! la nargua l’autre.

Valentine et Suzu se regardèrent, puis éclatèrent de rire. Effectivement, ça promettait.





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9 juin 2008 1 09 /06 /juin /2008 13:50




Akaito - 赤糸
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Prologue


Pour Mila-chan



 - Kazu-chan !

A l’appel de son nom, le petit garçon se retourna. Ruriko courrait vers lui, le sourire aux lèvres et les yeux brillants. Ses joues, marquées par la course, étaient teintées d’un rose pâle se mariant à merveille à l’éclat du soleil de l’hiver endormi. Elle tenait, au creux de ses petites mains d’enfant, quelque chose qu’elle semblait considérer comme un trésor. Kazuya sourit à son tour : la simple vue du visage de Ruriko, le simple son de sa voix lui procurait toujours une sensation de bien-être.

- Aïeuuuuuuh !!!

Et voilà… Ruriko était tombée, son genou saignait, mais elle ne pleurait pas. Néanmoins, lorsqu’elle vit l’état de son « trésor », les larmes naquirent d’elles-mêmes. Kazuya accourut, le visage affolé.

- Ru-chan ! s’inquiéta-il. Tout va bien ?
- N… no… noooooon…, sanglota Ruriko.
- C’est pas vrai, tu t’es encore fait mal... Attends, je vais te soigner ça.

Le petit garçon sortit son mouchoir en tissu et l’approcha du genou écorché de la petit fille, mais elle l’arrêta.

- Mais non… c’est pas ç… ça…, gémit-elle.

Elle le regarda avec des yeux plein de désespoirs, et désigna un petit tas de bouillie rouge. Kazuya comprit en un instant : son visage se tordit, ses yeux se plissèrent… et il éclata de rire.

- Alors c’était que ça ? dit-il entre deux hoquets d’hilarité. Des fraises ?

Ruriko s’arrêta soudainement de pleurer et se redressa, les sourcils froncés.

- Pourquoi « que ça » ? interrogea-t-elle, vexée. C’était pour toi que je les avaient cueillies !

Et pendant que le rire de Kazuya continuait de retentir dans la forêt, le regard de Ruriko s’illumina a nouveau. Elle se pencha, saisit quelque chose qu’elle tendit fièrement à son complice.

- Y en a encore une ! s’écria-t-elle.

Dans ses paumes égratignées, se trouvait l’unique fraise rescapée du lot.

- Prend, Kazu-chan, elle est QUE pour toi !

Le petit garçon se sentit soudainement tout à fait comblé. On était encore en hiver, en fin d’hiver certes mais en hiver quand même. Ruriko avait donc certainement du chiper les fraises à un marchand, et tout ça pour lui faire plaisir…

- Moi, je veux qu’on la mange tous les deux ! dit le principal intéressé. C’est pas drôle, quand c’est tout seul.
- Hmmm… hésita l’autre.
- Alleeeeeeeez, Ru-chan !
- Bon... Si tu veux alors !

En fait, c’était justement ce qu’elle attendait. Du haut des ses 3 ans, Kazuya se montrait déjà extrêmement observateur et éveillé. Il savait voir au-delà des choses : l’esprit des gens qui l’entouraient lui était presque transparent, même si cela restait inconscient. Et, grâce à cela, il pouvait agir afin d’obtenir ce qu’il voulait.
Cependant, face à Ruriko, il perdait tout faculté d’action. Ce qu’elle souhaitait, cela passait avant ses propres désirs. Il ne savait pas d’où cela venait – et n’essayait même pas de le comprendre, d’ailleurs -, il préférait simplement se laisser bercer par le bonheur qu’il ressentait à voir la petit fille sourire.

Main dans la main, ils coururent alors au bord de la rivière et s’assirent côte à côte face au cours d’eau scintillant. Ruriko tendit la fraise à Kazuya, qu’il porta à sa bouche avant d’y planter ses petites dents pointues. Le fruit avait un goût sucré, un goût de soleil… et puis aussi quelque chose d’autre, impossible à décrire. Dans l’esprit de l’enfant, un image se dessina alors : en plein milieu d’un champ de neige, un matin d’hiver, trônait une fleur. Une toute petite fleur, modeste et fragile, qui apportait une touche d’un bleu parme à la blancheur du paysage, égayant le champ tout entier. Cette fleur… elle allait bientôt s’effacer complètement de l’esprit de Kazuya. Mais ça, il ne le savait pas encore.

- Hey ! T’as dit que j’en aurais !

Ruriko tira l’enfant de ses pensées.

- Ah voui désolé … Tiens, fini, s’excusa-t-il, lui tendant le reste de la fraise.

Il s’allongea alors sur l’herbe.

- C’est joli, les zoiseaux qui chantent… dit la petit fille, le regard lointain.

Oui, c’était agréable… Tellement agréable que les paupières de Kazuya se fermaient d’elles-mêmes, petit à petit… Et, tout doucement, le sommeil vint l’entourer de ses bras maternels…




¤ ¤ ¤



Lorsque Kazuya se réveilla, quelque temps plus tard, il sentit quelque chose d’étrange. Encore tout ensommeillé, il scruta les alentours à la recherche de Ruriko. Il se leva, regarda derrière quelque arbres, l’appela, mais il n’y eu aucune réponse. Rien. A part le petit tas de fraises écrasés, il n’y avait pas une seule trace de l’enfant.
Insouciant, le petit garçon se dit que sa camarade était sûrement déjà rentrée chez elle. Alors, il décida lui aussi de rejoindre sa famille dans leur petite maison à la sortie de la forêt. De tout façon, il n’avait pas le droit d’aller plus loin que la première barrière et de rester dehors trop longtemps, sinon ses parents s’inquiétaient.



¤ ¤ ¤

3 janvier 1986 – 14 février 1989



La photo que les parents de Ruriko avait choisie le représentait parfaitement. Elle y était souriante, et ses yeux plein de malice traduisait son caractère dynamique et espiègle.

« Elles sont jolies, les fleurs autour de la photo de Ruriko », pensa Kazuya. « C’est tout plein de couleur comme elle aime. » Mais pourquoi tout le monde était-il habillé en noir ? En plus, ils avaient tous l’air triste, il avait dû se passer quelque chose… Décidément, il ne comprenait pas : on lui avait dit que Ruriko était partie pour un moment, et qu’il y avait une petite fête pour lui dire au revoir. Mais comment pouvait-on lui dire au revoir si elle n’était même pas là ?

- Maman ? interrogea Kazuya.
- Oui mon chéri ? répondit sa mère.
- C’est quand qu’elle revient, Ru-chan ?

Le regard maternel se fit soudainement sombre. Elle resta silencieuse pendant quelque secondes, puis s’accroupit face à son fils, posant les mains sur ses épaules.

- Tu sais, mon chéri, dit-elle en se forçant à sourire, les parents de ta copine l’ont envoyée dans un endroit très joli, avec plein de fleurs, et qu’elle va vraiment aimer. Alors, on ne sait pas si elle va vouloir revenir… Pense simplement à elle, mon lapin, je suis sûre qu’elle, elle pense très fort à toi.

Kazuya sourit, rassuré, et remua la tête en signe d’acquiescement avant de courir jouer au dehors.



¤ ¤ ¤



- Docteur, vous pensez que ça le marquera ? demanda la mère de l’enfant. Je veux dire : est-ce qu’il y a des chances que sa personnalité et son être futur en soit affectée ?

- Vous savez, madame, répondit le pédopsychiatre avec assurance, l’être humain a une mémoire sélective. C’est-à-dire que l'on peut se rendre compte, à l'âge adulte, qu'on a oublié certaisn évènements. Pourquoi ? En fait, lorsque l'individu oublie quelque chose, c’est que l’événement lui-même a été trop fort pour pouvoir rester dans la conscience. L'esprit préfère alors l'occulter puisqu'il entraîne des souvenirs désagréables... Ce phénomène est d’autant plus marqué entre 0 et 4 ans, lorsque l’enfant n’a pas encore développé toute sa conscience perceptive. Il est d’ailleurs prouvé que la plupart des souvenirs réalistes d’un adulte se situent dans une période postérieure à 4 ans. De ce fait, il n’y aurait pas trop d’inquiétude à avoir concernant Kazuya, si vous voulez mon avis.

- Bien, nous comprenons, rétorqua le père. Mais je me posais la question… Y a-t-il un risque que cet évènement ressorte de sa conscience d’un quelconque manière ?

- Et bien… A vrai dire oui, il a un risque, notamment en ce qui concerne les domaine des rêves. Voyez-vous, le monde du rêve peut être considéré comme la réalisation d’un désir refoulé. De façon plus clinique, si vous voulez, la situation semble beaucoup moins claire : il existe déjà chez l’enfant différentes formes de rêve. On peut donc aujourd'hui remettre en cause un certain nombre de théories afin de nous interroger sur la réelle fonction de ce phénomène : je veux dire qu'il peut y avoir un rapport étroit avec la mémoire, le souvenir et la conscience. En d’autres termes, il est possible que l'évènement oublié se manifeste dans l’inconscient de Kazuya, à un moment ou un autre, par le biais des rêves. Dans ce cas, vous n’avez aucune inquiétude à avoir. Le mieux pour l’instant est la solution que vous avez choisie : je pense que votre déménagement à Tokyo permettra à votre fils de s’éveiller à de nouvelles choses, et enclencher ainsi le processus d’oubli. Il n'est n’est d’ailleurs, je vous l'accorde, pas encore capable d’assimiler ce qui s'est réellement passé. Si je puis me permettre, initiez-le à des activités artistiques et sportives, elles stimulent le production d’endorphine et lui procureront une sensation de bien-être. Bref, je pense que Kazuya vivra de manière tout à fait normale, sans aucun sentiment de culpabilité par rapport à la mort de Ruriko, soyez tranquille.

- Très bien, dit le père. Dès notre arrivée à Tokyo, nous ferons de notre mieux pour que Kazuya s’y sente bien, qu’il rencontre de nouvelles personnes, et nous l’inscrirons à plusieurs activités diverses.

- C’est parfait ! s’exclama le médecin en dirigeant les parents vers la sortie. De toute façon, je vous ai donné le numéro d’un de mes confrères tokyoïtes : n’hésitez pas à le contacter si vous avez besoin de quoi que ce soit.

- Merci infiniment, docteur ! Mon mari et moi, nous vous en serons éternellement reconnaissants…

- Mais ce n’est rien ! rétorqua l’homme d’un air gêné. Je ne fais que mon travail, vous savez. Et puis… Tout ce qui m’importe, c’est le bonheur de votre fils.

- Nous ferons de notre mieux, soyez-en certain, assura le père en saluant le pédopsy. Et bien… au revoir, docteur.

- Oui, au revoir, Mr et Mme Kamenashi.




¤ ¤ ¤
Trois mois plus tard, à 10 000km de là



- Oh mais qu’elle est joliiiiiiiiiie !!! Gouzi gouzi gouziiiiiiii !!!

La jeune femme leva les yeux au ciel, puis se força à sourire à la fleuriste. A chaque fois qu’elle sortait, elle entendait des dizaines de « Trop mignonne ! » ou « Areuh areuh, la joli petite fille », ou encore « Je veux la même ! », et cela l’insupportait profondément. D’accord, sa fille était craquante, elle était bien placée pour le savoir, mais quel engouement pour un bébé, tout de même !

- Ouaaaaaah ! baîlla le nourrisson en guise de réponse.
- Ooooooh !!! s’exclama la commerçante,proche de l’hystérie. Je veux la même !

« Allez c’est reparti… »pensa la mère. Y a pas à dire, elle avait hâte que sa fille grandisse.

- Ma jolie, je vais t’offrir une fleur tout aussi charmante que toi, dit la fleuriste, un peu plus clame.

Elle se tourna vers un vase, y choisit un petit bourgeon d’un bleu parme, et le déposa dans le berceau du bébé.

- Ceci est un bourgeon de myosotis, une fleur également appelée « Ne m’oublie pas ». Parce que tu vois, une jolie petit fille comme toi, ça ne s’oublie certainement pas ! Au fait, comment s’appelle-t-elle ? demanda la commerçante en se tournant vers le mère.

- En l’honneur de sa date de naissance, le 14 février, répondit-elle, mon mari et moi avons choisi de l’appeler Valentine…



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